Malgré les efforts consentis par l'Etat, la wilaya de Boumerdès n'est pas à l'abri des pénuries prolongées d'eau potable. Plusieurs communes de cette région subissent de plein fouet les conséquences du gel des projets de forage et d'AEP ainsi que le manque de pluviométrie. Ce phénomène a provoqué la baisse du débit de plusieurs barrages. Celui de Keddara est presque vide. Son taux de remplissage n'est plus que de 9%. Aujourd'hui, le précieux liquide est une denrée rare dans plusieurs communes de la région. Le nouveau directeur de l'Algérienne des eaux, Zoubir Boussoufa, indique que 13 communes sur 32 sont touchées par le stress hydrique, ajoutant que pas moins de 68 forages ont été inscrits récemment pour remédier un tant soit peu au problème. A Ouled Moussa, la population fait face à une véritable pénurie. Certains quartiers sont desservis à raison d'une fois par semaine. La colère des habitants semble avoir atteint son paroxysme. La tension monte également dans les localités de Boudouaou, Boudouaou El Bahri, Cap Djenet, Hammadi, Khemis El Kechna où l'eau potable est devenue la préoccupation majeure des populations. Dépassée, l'Algérienne des eaux fait ce qu'elle peut pour alléger les souffrances de ses abonnés. En attendant des solutions durables, cette entreprise a mobilisé 18 citernes pour approvisionner les habitants, dont 5 ont été réservées pour la commune d'Ouled Moussa, mais certains habitants sont las de remonter les jerricans jusqu'aux étages supérieurs de leurs immeubles. Les causes de cette pénurie qui risque de s'accentuer dans les mois à venir sont multiples. Les besoins de la wilaya en eau sont estimés à 250 000 m3/j. Or, la ressource mobilisée est évaluée à 224 000 m3/j. Néanmoins, les pertes sont énormes. Le taux de rendement des réseaux est de 37%, alors qu'il est de 47% à l'échelle nationale et de 83% dans le monde, a-t-on indiqué. Outre les picages illicites et le sous-comptage, l'ADE enregistre une moyenne de 25 fuites par jour en raison de la vétusté des réseaux, dira M. Boussoufa. La principale source d'eau de la wilaya reste la station de dessalement avec une production de 100 000 m3/j, suivie par le barrage de Taksebt (40 000 m3) et les forages (95) avec un rendement de 26 000 m3/j. Le barrage de Keddara a vu sa production passer de 80 à 20 000 m3/j. Quid des solutions ? M. Boussoufa évoque la réalisation de 25 forages et la réhabilitation de 28 autres à travers la wilaya. Ces forages pourraient produire 80 000 m3/j. Si le ciel serait généreux. Chose qui n'est pas sûre en ces temps de chamboulement et de réchauffement climatiques. En attendant, l'ADE multiplie les actions pour réduire les pertes et les branchements illicites. «C'est notre premier objectif. Nous avons installé 9000 compteurs en trois mois. Et nous comptons en installer 22 000 d'ici la fin de l'année. Nous avons recensé 247 branchements illicites. Plus de la moitié ont été régularisés. Le reste le sera incessamment», précise M. Boussoufa. S'agissant des créances, elles s'élèvent à 192 milliards de centimes dont 42 milliards sont réclamées aux communes ayant bénéficié de la vente en gros de l'eau. Advertisements