Néanmoins, le problème est toujours là. Des communes entières vivent au rythme des pénuries d'eau à longueur d'année. Des milliers de familles de la région s'approvisionnent à ce jour en ce précieux liquide à l'aide de citernes, tandis que d'autres recourent aux ressources naturelles, très prisées en cette saison de grandes chaleurs. A Afir, des habitants disent n'avoir pas reçu l'eau potable dans leurs robinets depuis deux mois. «Auparavant, notre commune recevait 80% de l'eau pompée au réservoir du lieudit Ouled H'mida, à partir de la station de dessalement de Cap Djinet. Depuis le début de l'été, on n'en reçoit que 10%. Le reste est servi pour Dellys», dénonce Farid Djelouahi, élu à l'APC. Et d'ajouter : «Notre commune devait être raccordée au réseau du barrage de Taksebt il y a trois ans, mais le projet est bloqué malgré la réalisation des conduites et d'une station de pompage à Ouled Khedache.» Il faut dire que ce n'est pas la ressource hydrique qui manque dans la région, mais c'est sa gestion qui est à améliorer. Selon les dernières statistiques de l'ADE, la wilaya compte 180 forages, dont 71 sont en exploitation, deux barrages d'eau (Béni Amrane et Keddara) d'une capacité de 154 hm3, une station de dessalement à Cap Djinet d'une capacité de 100 000 m3/j. Néanmoins, près de la moitié de la ressource n'arrive pas dans les foyers en raison des piquages illicites et des fuites dues au mauvais état des conduites. C'est ce qu'a affirmé un responsable de l'ADE sous le sceau de l'anonymat. «On recense une moyenne de 30 à 40 fuites par jour à travers la wilaya. Et vu le manque de moyens humains et matériels, parfois on met plus d'une semaine pour réparer une fuite», indique-t-il. Selon lui, ces fuites dont dues à la vétusté des réseaux. Ainsi, hormis la commune de Boudouaou, toutes les autres localités de la wilaya ont des conduites dégradées. Par ailleurs, notre interlocuteur fait état de 1000 piquages illicites qui ont été dénombrés depuis janvier dernier. Les conséquences de la mauvaise gestion de cette ressource vitale sont constatées à travers de nombreuses autres localités de la wilaya. A Timezrit, les habitants sont alimentés en eau une ou deux fois par mois, mais en très petites quantités. La raison est simple, les conduites ont été piquées à plusieurs endroits par des agriculteurs, comme c'est le cas à la sortie de Naciria et au lieudit Ighil. En sus de cela, la commune est située en zone de montagne et les stations de pompage et de reprise qui l'alimentent à partir des 4 forages de Kaf Lagab n'ont pas été rénovées depuis les années 1980. A l'instar de leurs concitoyens d'Afir, les habitants de Timezrit achètent une moyenne de 4 citernes par mois à raison de 1200 chacune pour étancher leur soif. «Cela fait cinq ans que nous attendons l'eau dessalée de Cap Djinet. Abdelmalek Sellal nous a promis, alors qu'il était ministre des Ressources en eau, que notre calvaire finira au plus tard fin 2012. En vain», s'indignent des villageois de Toursal. Selon le P/APC, M. Brara, les conduites devant relier la localité à la station de Cap Djinet sont en phase d'achèvement. Restent les stations de pompage, dont 2 sont en cours de réalisation à Vachy et Aït Oumziane, alors que celles prévues à Ghomrassa et Ouled Sidi Amara tardent à être entamées.