Nadir et Farid Boumendjel voudraient que les Algériens, particulièrement les jeunes retiennent l'image de «l'homme de paix» qu'était leur père. «C'est le message à notre peuple» a souligné Nadir, ajoutant que «l'avenir de notre pays passe par la défense de l'humain», hier à la faveur d'une cérémonie d'hommage à la mémoire de Ali Boumendjel et à l'ensemble des chouhadas, à l'ambassade d'Algérie à Paris organisée par le premier représentant de l'Etat algérien en France Mohamed- Antar Daoud au nom du chef de l'Etat Abdelmadjid Tebboune. En partant des jeunes de sa famille, Nadir nous dira que les jeunes binationaux sont un lien pour des relations apaisées entre l'Algérie et la France. Fondées sur la vérité et la reconnaissance. Interrogés sur la réaction de la famille lorsque le président Macron leur a annoncé l'assassinat de leur père par l'armée française, levant ainsi un mensonge d'Etat vieux de 60 ans, «la première chose que nous avons faite c'est d'associer les milliers de familles de disparus», indiquent les deux frères. «A la reconnaissance de l'assassinat de notre père nous avons demandé au président Macron que soient associés les noms de notre grand-père Belkacem Amrani, , assassiné après avoir subi la ‘corvée de bois', on n'a jamais retrouvé son corps, André Amrani, mon oncle, assassiné lui aussi après avoir enduré également la ‘corvée de bois', et à Mohand Selhi, ami de mon père, disparu lui aussi», ajoute Nadir. Farid, le second fils relève l'inauguration prochaine de la station de métro Ali Boumendjel et de rappeler que de l'époque du défunt Boumédienne toutes les rues d'Algérie portant le nom Dumont-D'urville avaient été débaptisées pour porter le nom d'Ali Boumendjel. «Nous n'avons jamais été déçues par les autorités algériennes» qui ont «toujours soutenu que notre père a été assassiné par l'armée française». Les deux frères ont fait part du deuil familial, long, douloureux. Et évoquant leur mère, décédée il y a quelques mois, « la vérité sur l'assassinat de notre père a été le combat de sa vie. « «Si la reconnaissance par la France de l'assassinat de notre père doit servir à des relations franco-algériennes apaisées, ce sera une fierté pour notre famille», assure Nadir, saluant un «geste courageux» d'Emmanuel Macron et l'»immense travail» de Benjamin Stora. Que le président Macron dise que ce geste n'est «pas un acte isolé» et qu'»aucun crime, aucune atrocité commise par quiconque pendant la Guerre d'Algérie ne peut être excusé ni occulté», nous a beaucoup touché. «Des chantiers restent ouverts», rappelle Mohamed Antar Daoud De son côté l'ambassadeur Mohamed Antar Daoud a déclaré en substance que «pour tardive qu'elle soit, cette reconnaissance de culpabilité doit, néanmoins être appréciée et appréhendée comme un jalon vers l'éclatement de la vérité, de toute la vérité sur l'ensemble des crimes de guerre commis par le colonisateur» Et «s'il est de coutume de dire que les faits sont têtus, l'histoire l'est tout autant et toutes les dérobades visant à retarder la reconnaissance pleine et entière du lourd passé colonial, sont vouées à l'échec». «Il convient, en effet, de mettre les mots sur les maux pour, enfin, parvenir à l'apaisement et favoriser des relations basées sur l'égalité et le respect mutuel». Alors que 2022 marquera le 60ème anniversaire de l'indépendance nationale, le représentant de l'Algérie en France a rappelé que «force est de constater que beaucoup reste encore à accomplir, même si certaines avancées symboliques sont, évidemment, à saluer…Des chantiers restent ouverts, tels ceux des archives coloniales, des ‘disparus' et des essais nucléaires au Sahara. Cette cérémonie à l'issue de laquelle l'ambassadeur a remis aux fils du martyr Ali Boumendjel l'emblème national a été suivie d'une réception offerte au personnel féminin de la représentation diplomatique en cette journée du 8 mars, journée dédiée à la mémoire de Malika Boumendjel.
Paris / De notre bureau Nadjia Bouzeghrane Advertisements