Liberté : Comment avez-vous accueilli la reconnaissance officielle, par le président Emmanuel Macron, de la torture puis de l'assassinat, en 1957, de votre père Ali Boumendjel ? Farid Boumendjel : La reconnaissance, par le président Emmanuel Macron, de la responsabilité de la France dans l'assassinat de mon père nous procure un immense soulagement. Toute la famille Boumendjel lui est, à son tour, reconnaissante. Ce nouveau pas franchi par la France est venu alléger une peine vieille de plus de 60 ans. Seule tristesse, j'aurais aimé que ma mère, décédée en août dernier à l'âge de 101 ans, soit encore ici parmi nous pour savourer cette reconnaissance. C'eût été extraordinaire de vivre ce moment avec elle. Elle a beaucoup souffert durant près de 63 ans. Comment percevez-vous cet acte du président français Emmanuel Macron ? Il y a un sentiment d'humanisme qui s'est dégagé du président Emmanuel Macron. Je pense, à mon niveau, que le président français a été sincère. Honnêtement, et loin de toute considération politique ou démagogie, il me semble que le président Macron veut faire avancer les choses dans la bonne direction. En dehors du fait qu'il a reconnu la torture, ensuite l'assassinat de mon père, il est certain qu'Emmanuel Macron veut aller de l'avant. Loin de faire sa publicité, il est l'un des rares présidents, sinon le seul, qui a répondu favorablement à notre demande. J'espère que cette reconnaissance s'étendra à d'autres familles algériennes qui attendent, elles aussi, la vérité sur leurs enfants disparus, torturés et assassinés. Avec le président Macron, nous avons eu un échange franc et sincère. Indépendamment de la reconnaissance de la torture puis de l'assassinat de mon père, il a été question des problèmes de la colonisation en général, de la question des disparus et des voies à emprunter pour parvenir à une lecture juste et apaisée de l'histoire. Quelle appréciation faites-vous du rapport de l'historien Benjamin Stora ? Benjamin Stora a écrit un rapport sur la mémoire de la guerre d'Algérie, à la demande de son président, Emmanuel Macron. Je pense que l'historien français a fait ce qu'il devait faire, en professionnel qu'il est. C'est un homme qui connaît et maîtrise parfaitement les enjeux entre les deux pays. Son rapport me paraît juste. Il a essayé d'ouvrir les portes pour un dialogue sain et apaisé. J'espère que les recommandations qu'il a émises connaîtront, comme pour le cas de la reconnaissance de l'assassinat de mon père, une suite favorable.