L'Assemblée populaire de wilaya (APW) a organisé, lundi dernier, une journée d'étude autour de la santé scolaire. La rencontre qui s'est tenue à l'amphithéâtre de l'institut de la formation professionnelle a été, pour une fois, marquée par le discours sans complaisance aucune des élus de l'institution précitée qui ont laissé de côté la langue de bois. Cet inattendu langage des représentants du peuple, tenu devant le wali, a été fortement apprécié par les présents qui n'en revenaient pas. Le communicateur de l'APW qui avait, chiffres et photos à l'appui, contredit d'autres intervenants, a profité de l'instant pour dresser un tableau noir qui reflète la triste réalité, et proposer des solutions et suggestions aux autorités locales n'ayant pour une fois pas entendu la récurrente expression, « tout va bien Madame la marquise ». Ainsi, la prise en charge sanitaire des 360 874 élèves, qui représentent 24,73 % de la population d'une wilaya de 1 458 857 habitants, demeure aléatoire. Les 120 002 élèves représentants la population scolaire ciblée à travers les 44 ou 52 unités de dépistage et soins UDS, selon les uns et les autres, souffrent du manque de suivi efficient. Les élus qui ont inspecté 12 UDS ainsi que l'unité centrale ont consigné d'innombrables carences. La virée a fait découvrir aux initiateurs de la journée d'étude l'amère réalité. Les UDS qui couvrent 10 000 élèves sont loin de la moyenne nationale estimée à 6000 élèves par unité. Le déséquilibre dans la prise en charge médicale a été relevé. Certaines structures ne couvrent que 2223 élèves alors que d'autres sont en charge de 12 111 enfants. Le déficit en médecins, chirurgiens dentistes, psychologues et personnel paramédical a accentué les difficultés. Au vu des chiffres contradictoires avancés par les conférenciers, l'on peut cerner avec exactitude ce volet ayant besoin de renfort. L'on retient, par ailleurs, la pertinente remarque faite par le rapporteur de l'APW qui n'a pas passé sous silence l'implication des 3 ou 4 psychologues de la direction de la santé, et ce, dans tous les programmes lancés (la lutte contre la drogue, le tabagisme, le cancer, le sida, etc.) rien que pour gonfler les bilans. En faisant parler les chiffres, la carie dentaire qui touche 95 605 élèves occupe avec 42% la première place. Les 1111 cas d'ectopie testiculaire est l'autre mal qui ronge certains élèves, recensés en 2003/2004. Uniquement 295 cas ont été pris en charge. Avec 1452 cas dépistés et seulement 488 suivis, la cardiopathie effraie. La baisse de l'acuité visuelle se classe en pole position. Des 3488 cas relevés seulement, 38,84 % sont pris en charge. Les troubles psychologiques ayant engendré de nombreux échecs scolaires inquiètent. On a dénombré 10 195 cas. Pour atténuer un tant soit peu les effets pervers de ces problèmes psychiques, l'apport par le recrutement de nouveaux psychologues est plus que souhaité. Les questions de renouvellement des équipements et l'hygiène qui laisse à désirer dans certains établissements scolaires et cantines n'ont pas été occultées par les élus qui ont, par contre, tenu à mettre en exergue les résultats enregistrés en matière de vaccination en milieu scolaire, faisant de la wilaya de Sétif un modèle du genre à l'échelle nationale. L'amer constat n'a épargné ni l'université de 40 000 étudiants, dont 20 000 résident dans les cités universitaires, ni le secteur de la formation professionnelle, (18 000 stagiaires) qui se contente de la visite systématique du début d'année. Les élus mettent en outre l'accent sur la circulaire interministérielle 89/178, relative aux différents intervenants (collectivités locales, secteur de la santé l'association des parents d'élèves et l'APW) devant piloter le programme. Cette dernière qui n'est, 16 ans après, pas appliquée est l'une des principales raisons du ratage. Pour rectifier le tir, il est temps de délimiter les responsabilités des concernés ayant interpellé le chef de l'exécutif, et ce, pour la désignation d'une équipe devant piloter l'opération. Pour les élus de l'APW ayant tenu un langage aux antipodes des discours démagogiques et creux, cela n'est pas le préambule d'une nouvelle ère...