Les plages de la ville de Skikda étaient presque vides le week-end dernier. Le long de la corniche de Stora, un paysage pour le moins insolite ponctuait les lieux, devenus déserts en dépit d'une chaleur estivale et d'une mer pourtant très calme. Les parkings, d'habitude bondés de véhicules venus de plusieurs wilayas limitrophes sont aussi désertés que les plages. Seules, quelques personnes se permettaient d'effleurer de leurs pieds l'eau turquoise d'un chapelet de plages allant du Château vert jusqu'à la Carrière. Le dispositif sécuritaire mis en place le long de la corniche était là à veiller au respect de la décision des pouvoirs publics d'interdire toute baignade sur la côte locale, et ce, jusqu'à l'ouverture officielle de la saison estivale et en attendant, seuls les pêcheurs à la ligne profitent de l'aubaine. Très commentée sur les réseaux sociaux, cette décision aurait été prise suite aux noyades enregistrées sur les plages de la ville de Skikda. Selon la Protection civile, cinq personnes sont mortes par noyade durant la période allant du 18 au 31 mai. Seulement, si certaines personnes disent comprendre la décision des autorités locales, d'autres par contre jugent que c'était aux pouvoirs publics d'assurer la sécurité des estivants et de trouver les solutions adéquates. «Les accidents de la route tuent au quotidien, devrait-on pour autant interdire la circulation sur les routes ?», lit-on dans l'un des commentaires postés sur les réseaux sociaux. L'autre mécontentement, et pas des moindres, est exprimé par l'ensemble des commerçants longeant les plages de la corniche de Stora. Cafetiers, restaurateurs, hôteliers et épiciers disent craindre pour leurs commerces. Le patron d'un hôtel donnant sur le port de Stora témoigne : «On n'a enregistré aucune réservation après la décision de l'interdiction de la baignade. Des conventions collectives ont même été annulées. Si cela venait à durer longtemps, les conséquences seront désastreuses pour notre activité». Le gérant d'un restaurant de Stora rapporte que le taux de sa clientèle a chuté de plus de 40%. «Le plus important de notre chiffre d'affaires, on le réussit lors de cette période et voilà qu'on décide de nous pousser vers un chômage qui risque de durer un mois encore», rajoute un autre commerçant. Un vieil épicier rappelle que ce sont les estivants qui font vivre le commerce à Stora tout en interpellant les pouvoirs publics à repenser leur décision. En plus de la déception relevée auprès des commerçants de Stora, d'autres déceptions se lisaient, samedi dernier, sur les visages de dizaines d'estivants venus de loin sans pour autant pouvoir piquer une tête dans une mer très tentante, il est vrai. C'est le cas d'une dizaine de jeunes engouffrés dans une vieille camionnette «Oui, nous sommes déçus. On a appris qu'on n'avait pas le droit de nous baigner. Nous sommes venus d'Aïn Fakroune et voilà qu'on doit rentrer chez nous. Si nous savions que les plages de Skikda étaient interdites à la baignade, nous ne serions même pas venus», explique le jeune conducteur. Un autre groupe, plus important, composé exclusivement de femmes, n'arrêtait pas de faire le va-et-vient le long du port de Stora. «Nous sommes venues de Sétif. Nous n'allions pas nager, nous sommes trop vieilles pour ça, mais nous pensions juste prendre place sur le sable et profiter de la brise marine. Malheureusement, on doit rentrer», témoigne à contrecœur une vieille dame du groupe. Advertisements