L'uniformisation des inventaires muséaux à l'échelle de tout le pays a été la problématique centrale de la Journée d'étude organisée dimanche 17 octobre au musée Ahmed Zabana à Oran. La rencontre a été animée par des universitaires, intéressés par le domaine muséal, mais surtout des cadres de différents musées algériens, à l'instar du Bardo (Alger), Cirta (Constantine) ou le musée de Sétif. Les conférences des intervenants se complètent et montrent l'importance de cet aspect de la gestion des musées devenue nécessaire pour plusieurs raisons. D'abord, une meilleure protection des objets, ensuite un moyen de faciliter le travail des chercheurs, mais aussi un guide efficace pour le secteur de l'éducation (visites scolaires) et celui du tourisme de manière générale. «Les fonds muséaux sont un patrimoine non renouvelable», rappelle Fadel Lakhdar de l'université de Mascara pour signifier que tous les aspects de leur gestion doivent être pris en considération. Concernant la thématique débattue, modèles à l'appui, il a mis le doigt sur les carences contenues dans les fiches techniques de certains musées mais surtout l'inexistence d'un modèle de présentation unique ou du moins cohérent et identifiable partout. «Il arrive même que des fiches soient différentes au sein d'un même établissement», déplore-t-il. De l'université Oran 1, Nayer Mokhtar déplore l'inexistence d'un institut ou d'une filière archéologie dans une ville comme Oran considérée comme un des plus importants pôles universitaires à l'échelle du pays. Il pose le problème de la protection des objets qui, sans un inventaire rigoureux, risquent de se perdre plus facilement. Il donne pour exemple les ouvrages de la bibliothèque du musée Zabana. «Il y a des ouvrages dont les meilleures universités ne disposent pas et que je ne retrouve plus quelques années après mes premières visites», déplore-t-il. Dans son intervention, il s'intéresse tout autant aux «musées à ciel ouvert» en évoquant le patrimoine lié à l'art rupestre s'étalant sur de vastes espaces du grand Sud algérien et qui lui aussi mérite d'être répertorié de manière rigoureuse. «Nous avons des fossiles de dinosaures du côté d'El Bayadh. Comment pourrions-nous les inventorier et pourquoi ne crée-t-on pas un musée dédié en histoire naturelle ?», s'interroge-t-il déplorant par la même occasion l'inexistence d'une archéologie sous-marine et d'un musée pour recueillir les épaves de navires échoués près de nos côtes et il doit y en avoir énormément au vu de l'histoire de cette région du monde. Pour illustrer ses propos, il donne l'exemple du cinéaste américain James Cameron qui, pour les besoins de son film Titanic a dû faire appel à un spécialiste de l'histoire des navires et c'était pour appuyer l'idée de l'importance de la recherche muséale. Représentant Bordj Ettork, Ahmed Saad a disserté sur la différence et le lien entre les fiches d'inventaire et les fiches techniques des objets archéologiques à la lumière des efforts de numérisation et des logiciels de gestion de cet aspect des choses utilisés dans les musées en Algérie. «En général, en Algérie, on utilise File maker ou Access mais nous avons besoin d'une mise à jour car à l'étranger on a développé des programmes nettement plus performant», indique-t-il en marge de la rencontre. Représentant le musée national du Bardo, Fairouz Boukhenoufa et A. Karima ont intervenu sur des aspects très pratiques liés aux méthodes et techniques d'inventaire en illustrant leurs propos par des exemples concrets d'erreurs à ne plus commettre dans l'apposition des numéros d'inventaire sur les objets et ce dans le souci de mieux les préserver tout en tenant compte de leur esthétique. Alors que Houari Rachida du musée Zabana a exposé les étapes d'inventaire, Nacer Boulahya du musée de Sétif s'est intéressé aux aspects juridiques et leur application sur le terrain. L'expérience de l'inventaire archéologique comme moyen de protection menée par le musée Cirta de Constantine a été présentée par Nedjma Laanani, exerçant dans le musée depuis une dizaine d'années. Archéologue de formation, elle explique en marge de la rencontre que le musée de Constantine est le premier à avoir été créé en Algérie durant la période coloniale. Les objets dont il dispose aujourd'hui proviennent de dons, d'acquisitions ou de fouilles effectuées dans plusieurs régions à l'est du pays et couvrent toutes les périodes historiques, à l'instar des objets de la section des arts islamiques découverts à Tiddis, Msila ou Bejaia. «Nous disposons d'un astrolabe qui est un objet rare mais nous disposons aussi, par exemple, de pièces de monnaie très rares de la période numide où pour la première fois le nom de Massinissa est écrit en entier avec au verso la représentation inattendue d'un éléphant au lieu d'un cheval et c'est un indicateur historique très important car se référant à une bataille gagnée contre les Carthaginois grâce à l'usage des éléphants», explique-t-elle en marge de la rencontre. Pour elle, l'archéologie n'est pas figée et des fouilles doivent encore être menées mais il faut surtout que les archéologues produisent des ouvrages pour un meilleur éclairage. Advertisements