Ce cri est celui d'une mère éplorée, désespérée et ne sachant plus à quel saint se vouer et qui a été lancé hier à travers notre journal pour interpeller le premier magistrat du pays. Le drame qu'elle vit avec ses deux enfants, depuis plus de trois ans, a fini par la terrasser en lui causant de graves problèmes de santé. Son mari, Hakim T., responsable d'une grande institution étatique est poursuivi pour une affaire d'inceste sur ses enfants mineurs, une fille, âgée de 13 ans, et un garçon de 10 ans, que la justice n'a toujours pas tranché et ce en dépit des rapports établis par des psychologues confirmant le traumatisme des victimes à la suite de sévices sexuels, mais aussi leurs déclarations devant le juge lors des confrontations avec leur père. Dans une longue lettre adressée au président de la République, la mère, Mme Boutine, déclare avoir déposé une plainte contre son mari le 26 octobre 2001 et « après toutes les humiliations et menaces subies, le tribunal d'Alger par le biais de la chambre d'accusation, a retenu l'abus sexuel contre mineurs conformément aux articles 334 et 337 du code pénal et déféré l'affaire devant la cour pénale, tout en inculpant mon mari pour inceste ». Entre temps, a expliqué Mme Boutine, celui-ci a alors saisi une autre juridiction pour déposer plainte à mon encontre car je refusais de lui accorder la visite des enfants. « Je fus condamnée à six mois de prison avec sursis puis acquittée en deuxième instance sur la base de l'acte de la chambre d'accusation près la cour d'Alger, mais à ce jour, aucun jugement n'a été exécuté et je continue mes enfants et moi à être harcelés par mon mari. J'ai perdu mon second emploi comme enseignante et maintenant, il m'oblige à quitter le logement où je vis avec mes trois enfants (...). Parallèlement, il s'obstine à ne pas payer la pension alimentaire bien qu'il perçoit les allocations familiales et les primes de scolarité... ». Mme Boutine a déclaré dans sa lettre faire face à « des intimidations depuis trois longues années exercées par mon mari qui menace aussi mes enfants dans le but de les empêcher de témoigner devant le juge. Pour cette raison, je vous demande Monsieur le président de protéger mes enfants des agissements de leur père et de faire en sorte que les jugements à son encontre soient appliqués... ». Pour sa part, le père des enfants a, devant toutes les instances juridiques, rejeté les accusations en affirmant que ses enfants font l'objet de manipulations de leur mère, depuis qu'il a intenté une action pour le divorce... A signaler que cette affaire a été prise en charge par le réseau Wassila qui en a fait état lors de l'une de ses conférences-débats consacrée aux violences contre les femmes et les enfants.