Vingt-cinq ans après les événements d'avril 1980, les libertés et la démocratie sont toujours malmenées en Algérie. « Il n'y a plus moyen de faire de la politique dans la situation actuelle du pays », lâche, amèrement, un membre de la section FFS de Aïn Bénian, dans une conférence-gala organisée, hier, dans cette localité d'Alger. Les intervenants, notamment le docteur Kamel Eddine Fekhar et Mohamed Djelmami, venus de Ghardaïa, ont dénoncé les dépassements et les condamnations des militants politiques, particulièrement ceux du FFS. « Aucune prison ne nous fera reculer... », clame M. Djelmami, croyant à l'avènement d'une nouvelle ère démocratique si abnégation et persévérance il y a. Revenant sur les meetings animés par le FFS à Béjaïa comme à Tizi Ouzou, M. Djelmami, conseiller économique et également militant des droits de l'homme, fait remarquer qu'il y a unité d'objectifs pour l'ensemble du peuple algérien. Il invite ainsi les militants du parti, venus en grand nombre, à œuvrer à ancrer la démocratie dans la société. Après le docteur Fekhar, qui a appelé à la lutte et à la résistance, la parole est donnée à Ali Laskri, premier secrétaire du FFS, lequel a rendu hommage à ceux qui ont sacrifié leur vie pour que le pluralisme politique naisse. Il considère que les conditions dans lesquelles évoluent, aujourd'hui, les partis démocratiques sont difficiles en condamnant la volonté, clairement affichée, du Pouvoir de neutraliser les forces démocratiques et « dépolitiser », plus particulièrement, la région de Kabylie. Des faux représentants de la Kabylie au faux dialogue, M. Laskri insistera sur « le coup de force » qui se prépare dans cette région contre les élus du FFS. Doutant de la dissolution par décret présidentiel, en raison d'« incohérence », le chef en second du FFS garde la réaction du parti au moment opportun. « Le jour où on annoncera le décret, on verra », souligne-t-il. Evoquant l'amnistie générale, M. Laskri se demande s'il y aura « justice et vérité », où bien ce projet consacrera plutôt l'« impunité ». A ses yeux, à bien méditer les propos des acteurs de la précampagne pour ce projet, il a l'impression qu'il s'agit plutôt d'un projet par lequel on compte « absoudre » les criminels de leurs crimes. Sinon, « on se demande, toujours, pourquoi les intellectuels, les militants politiques et des droits de l'homme et les citoyens qui demandent leurs droits finissent, souvent, derrière les barreaux ? », s'est-il interrogé. Se rappelant encore de l'époque des assassinats politiques, M. Laskri lâchera cette phrase : « On a assassiné le politique. »