Le Front des forces socialistes (FFS) refuse toujours d'adhérer au projet de loi portant amnistie générale. Invité, jeudi dernier, du forum hebdomadaire de la Chaîne II de la Radio algérienne, Ali Laskri, premier secrétaire du parti, considère qu'il ne pourrait y avoir d'amnistie générale sans vérité et justice. « Nous refusons de soutenir un projet par lequel on veut absoudre les criminels de leurs crimes commis depuis l'indépendance », a-t-il soutenu. Pour lui, ce projet pourrait avoir un écho au FFS si on faisait éclater la vérité sur les assassinats politiques et si on traduisait les terroristes responsables de 200 000 morts (chiffre donné par le président de la République) devant les tribunaux. Rappelant que le FFS était parmi les premiers partis à parler de réconciliation nationale en 1992, M. Laskri précisera que la réconciliation de l'époque n'est pas la même que celle prônée aujourd'hui par le président Bouteflika, car, depuis, beaucoup de sang a coulé. Abordant le volet relatif à la dissolution des Assemblées locales de Kabylie et l'organisation d'élections partielles, le chef en second du FFS réaffirme sa position selon laquelle il n'y aura pas de retrait d'élus du FFS de ces assemblées sans dialogue, lequel devrait, comme déjà exigé par le parti, être retransmis en direct par la Télévision algérienne. Il précise, en outre, qu'il n'y a eu aucun contact avec le gouvernement. Dans la foulée, M. Laskri qualifiera la volonté de dissoudre les Assemblées locales de Kabylie, affichée par les partis de l'Alliance présidentielle et soutenue par d'autres formations pro-gouvernementales, de « coup de force contre le FFS » dont l'objectif n'est autre que « de livrer le dernier bastion de la démocratie aux pyromanes et à la maffia locale ». Sur l'absence des partis dits d'opposition sur la scène politique nationale depuis l'élection présidentielle d'avril 2004, le premier secrétaire du plus vieux parti d'opposition explique cette situation par, d'abord, le maintien de l'état d'urgence et la restriction du champ d'activité politique, soulignant les procédures bureaucratiques auxquelles sont toujours confrontés ces partis pour, par exemple, obtenir l'autorisation d'organiser une conférence-débat ou tenir d'autres activités politiques ou syndicales. « Les libertés n'ont jamais été aussi malmenées qu'aujourd'hui », a-t-il attesté tout en dénonçant l'emprisonnement de journalistes et de militants politiques et syndicaux. « La place d'un journaliste n'est pas en prison », clame-t-il, déplorant les poursuites judiciaires contre les enseignants et les syndicalistes animateurs du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique et du Conseil des lycées d'Alger. « Dépossédés de leurs outils de travail (...), victimes des politiques antisociales que le Pouvoir a imposées au pays et interdits de toute expression libre et d'organisation autonome, les travailleurs algériens vivent aujourd'hui dans des conditions économiques et sociales intenables », est-il souligné dans un communiqué du premier secrétaire du parti, transmis hier à notre rédaction. Dans ce même communiqué, il est indiqué que le FFS organisera, à l'occasion de la fête du Travail qui coïncide avec le 1er mai de chaque année, une rencontre-débat sur l'état des libertés démocratiques en Algérie. Rencontre à laquelle prendront part les syndicats autonomes, les travailleurs, les journalistes et les militants des droits de l'homme. Brossant l'actualité socioéconomique, M. Laskri déclare ne pas comprendre que la plupart des Algériens continuent à vivre misérablement, alors que le pays dort tranquillement sur un matelas de 55 milliards de dollars. Il cite à l'occasion le dernier rapport du PNUD sur le niveau de vie à travers le monde classant l'Algérie parmi les tout derniers pays. Répondant à une question relative au train de réformes qui touche l'ensemble des secteurs d'activité, le premier secrétaire du FFS évoquera l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures. Pour lui, ce texte, pondu en 2001 par Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, constitue une menace pour la sécurité nationale, car il touche un secteur névralgique qui représente 98% des exportations de l'Algérie.