Le leader historique croit déceler les ingrédients “d'un retour de la terreur” et affirme la necessité de réagir . La session extraordinaire du conseil national du FFS, qui s'est tenue, jeudi dernier, a été un peu spéciale, et pour les militants de ce parti et pour les journalistes. Et pour cause, la présence du leader charismatique, Hocine Aït Ahmed, à cette réunion, après cinq années d'absence, a ravi la vedette au conclave présidé par Ali Laskri. Les trottoirs de la rue Souidani-Boudjemaâ, qui fait face au siège du FFS, annonçaient déjà la couleur et l'ambiance à l'intérieur tant ils étaient bondés de voitures. Et pendant que les membres du CN ficelaient l'ordre du jour dans la salle de conférences en adoptant le programme d'action, une foule de personnes faisait le pied de grue devant l'immeuble où se trouvait Aït Ahmed. Presque toute la famille du FFS est là. Mustapha Bouhadef, le premier secrétaire démissionnaire, a participé aux travaux du conseil national, mais il dit refuser de figurer dans l'exécutif. Ahmed Djeddaï, lui, se fait discret. Il confie néanmoins que “c'est toujours un plaisir de voire Si L'hocine revenir pour donner un coup de rein au parti”. Le ton est donc à… la réconciliation à la maison FFS sérieusement ébranlée par la crise de l'été dernier. Une crise que son président, Aït Ahmed, ne veut pas reconnaître estimant que ce genre de situation est vécu par “tous les partis du monde”. Voulant visiblement faire quelques mises au point, le leader historique a convié les journalistes présents à une discussion à bâtons rompus sur divers sujets. Très dispos et à l'aise, Aït Ahmed affiche une forme éblouissante dans son costume gris. Très vite, il entre dans le vif du sujet comme s'il voulait dire quelque chose qui lui tenait à cœur. “Je ne suis invité par personne, je ne pouvais tout de même pas laisser passer une date aussi prestigieuse que le 50e anniversaire du 1er Novembre ! Je voulais partager cette fête avec mon peuple”, affirme Hocine Aït Ahmed, tout sourire. La parenthèse du 1er Novembre fermée, “Da L'ho” concède tout de suite qu'il ne pouvait pas se désintéresser de la vie de son parti. Décodé, ce message suggère que les luttes au sein du FFS le préoccupent également, mais qu'il ne compte pas aller au-delà de ses prérogatives. “Je suis venu saluer les militants et je n'empiète pas sur les prérogatives du conseil national”. Aït Ahmed reconnaît tout de même que “les luttes de pouvoir existent au FFS comme ailleurs et qu'il faut opérer une mise à niveau démocratique du parti”. Mais, quelle que soit la situation vécue par son parti, Aït Ahmed pense que le fait d'exister encore (le FFS) est en soi “un miracle dans le contexte politique actuel”. Quelque peu anxieux, il assène que “la vie politique est plombée”. Aït Ahmed ne cite pas de noms, mais il fait un constat accablant de la gestion du pays. À la décharge de Bouteflika, il assombrit le tableau de bord politique du pays en lâchant sec : “Nous sommes dans une situation de retour de la terreur.” Au détour de chaque clarification, le président du FFS glisse une petite phrase assassine à l'endroit du pouvoir et tire la sonnette d'alarme. “C'est une décennie d'aventure qui s'ouvre”, prévient-il. Plus incisif encore, Hocine Aït Ahmed croit réunir les “ingrédients d'une autre décennie noire”. Que faire alors ? “Nous devons réagir”, répond-il. Comment? “Il faut réfléchir sur les voies et moyens”, assure-t-il. Aït Ahmed pense avoir déjà entrepris la première action dans ce sens. “Nous avons le devoir de donner le signal à la population”, dit Aït Ahmed en référence à la rencontre-débat qu'il a animée avec Abdelhamid Mehri et Mouloud Hamrouche à la veille du 1er Novembre. Mais concrètement, le président du FFS avoue qu'aucune forme d'organisation ou d'action n'a débouché de la rencontre du triumvirat. “Nous n'avons pas de programme d‘action”, confie-t-il. Il n'exclut, cependant, pas le lancement d'une initiative politique dans le sillage de la rencontre de Aïn Bénian. “Nous avons décidé de ne pas baisser les bras”, confie-t-il sans préciser les modalités d'une riposte ni les partenaires qui devraient la mener. Aït Ahmed semble terriblement triste du sort de l'Algérie. Les genoux croisés et les deux mains jointes, il s'interroge sans vouloir trouver de réponse : “Mais où va-t-on comme cela ?” À cette question fortement teintée de pessimisme, le leader historique met un zeste d'espoir en lançant : “On doit tout faire pour réaliser les idéaux de la Révolution.” Pour Aït Ahmed, Novembre n'a pas été un “baroud”, mais le “point culminant de l'évolution politique du mouvement”. Aït Ahmed nous écrit Le président du FFS, Hocine Aït Ahmed, nous a fait parvenir, hier, un démenti relatif à la réélection de Bush rapporté dans notre édition de jeudi. En fait, M. Aït Ahmed affirme n'avoir jamais déclaré qu'“il faut chasser Bush de la Maison-Blanche”, comme cela avait été rapporté dans notre article. H. M.