Hier, à 15h, côté réseau ferroviaire, c'était le second départ de la journée du train Témouchent-Oran (75 km) à partir de la gare intermodale du chef-lieu de wilaya. Cette infrastructure, héritée d'un investissement consenti dans les années 1980, avait été réalisée en complément de la desserte de 22 km qui relie la cimenterie de Beni Saf au réseau ferroviaire national dans la perspective du transport en vrac de son ciment. Les derniers à monter sont des gendarmes armés de kalachnikov. Ils sont là pour continuer à assurer une sécurité qui n'a jamais été mise en danger durant les années du terrorisme. Leur présence est plutôt rassurante contre d'éventuels actes de délinquance. Cinq véhicules sont tractés par la locomotive. Ils transportent une centaine de personnes pour une capacité de 350 passagers, ou plutôt 200 t. Une centaine de mètres plus loin, côté transport routier, toujours à la gare intermodale en direction d'Oran, les bus partent pleins à craquer dans la bousculade, la puanteur et la saleté repoussante de véhicules parfois brinquebalants. Le contraste est frappant entre les deux gares lorsqu'on sait que le train met une demi-heure de moins que le bus, que contrairement à ce dernier, il dépose le voyageur en plein centre d'Oran et que le prix du voyage est le même pour un confort nettement meilleur en train. Faire ce paradoxal constat, c'est résumer le drame d'un service public qui n'arrive pas à trouver ses marques depuis que le transport routier a commencé à lui faire une rude concurrence, bridé qu'il demeure par les pesanteurs d'une économie dirigée. Un sondage du côté des voyageurs est édifiant. Ils disent qu'ils ont été fidélisés par le transport routier malgré ses tares et avatars, parce qu'il y a toujours un bus en partance lorsqu'on arrive. En second lieu, les bus traversent les villes tout le long de la RN2 Oran-Témouchent et qu'en ces agglomérations, plusieurs arrêts sont marqués. Côté train, comme en l'ancien temps, celui de la colonisation où il était dominant en matière de transport, il s'arrête à la périphérie des villages dans des endroits où il n'y a ni abri ni sécurité particulièrement en hiver lorsqu'il faut prendre tôt le matin le train en sa première navette et le soir à la tombée de la nuit avec le retour de la deuxième navette. A cet égard, les chiffres en hiver contrastent avec ceux de la période de l'année où la journée s'allonge. Côté transport de marchandises, le colossal investissement en direction de la cimenterie n'a servi à rien puisque l'essentiel de sa production se fait par route. Il est encore heureux que le transport du pouzzolane à partir de Beni Saf, un minerai extrait par Ferphos, en direction des autres cimenteries soit venu rentabiliser l'investissement. Quant au projet plus simple d'assurer le transport des Benisafiens vers Témouchent et Oran, cela reste bizarrement du domaine de la chimère. Pourtant, une petite lueur d'espoir depuis la sortie des années 1990 : la fréquentation du train a repris même si les chiffres sont encore trop modestes. Ainsi, le samedi matin au départ de Témouchent et le mercredi à 17h au départ d'Oran, on voyage debout, ce qui devrait inciter les managers du rail à revoir leur copie.