Basé sur le système de vente pyramidale, le réseau Biznas vient de lancer au mois dernier, une campagne de « recrutement » en Algérie pour vendre des produits Internet (accès à des bases de données de textes de la culture arabe classique, boîtes e-mail, téléchargement de logiciels...). Des produits qui, à la base, sont disponibles gratuitement sur le Web. Mais Biznas, une « entreprise » basée à Sharjah (Emirats arabes unis) les vend en packages à des prix allant de 60 à 180 dollars sous de sérieuses appellations : Classic Package Web, Super Package Web et Master Package Web. A Alger, les « envoyés » jordaniens de Biznas et leurs assistants algériens ne sont pas très exigeants : ils tolèrent les dinars, mais uniquement cash ! C'est à l'hôtel Sofitel d'Alger que les « vendeurs » de Biznas ont choisi de recevoir leurs partenaires potentiels, dans une petite salle pouvant contenir une douzaine de personnes. Ciblant les gérants de cybercafés, Biznas espère que ces derniers recruteront dans leur clientèle, plus sensible et proche de l'Internet. Chaque réunion dure environ une heure et demie. Là, c'est à un vrai lavage de cerveau qu'est soumis tout curieux qui s'y aventure, à travers un argumentaire digne des télévangélistes américains et une présentation vidéo en anglais sous-titrée en arabe. L'animateur est aussi à l'aise en arabe classique qu'en arabe algérien. Ne rentre pas à leurs réunions qui veut. Il faut être recommandé par une personne qui a déjà acheté les produits Biznas. Si un intrus arrive à accéder à la réunion, il est soumis à un vrai interrogatoire. Et si le nouveau partenaire achète lui aussi un package, la personne qui l'a recommandé reçoit une commission. Il est clair, que, plus une personne recommande de partenaires qui achètent, plus elle reçoit de commissions. Et là, elle est en plein dans un système de vente pyramidale. Légalité douteuse Pour en savoir plus sur la légalité de ce procédé, au ministère du Commerce, on reste évasif entre « les prérogatives du ministère qui se limitent au contrôle de la qualité des produits et le contrôle des prix » et « l'impératif de l'envoi de fax », chose faite mais sans suite. En tous les cas, on se rappelle que le ministère des Finances avait interdit dans les années 1990 les jeux et autres épargnes pyramidales après la prolifération des jeux du type dollar Jet. A titre d'exemple, au Canada, la loi sur la concurrence interdit la vente pyramidale, axée sur le recrutement des personnes et non sur la vente de produits concrets. Il est illégal, par exemple, de rémunérer un participant parce qu'il en a recruté d'autres. Par ailleurs, une fetwa circulant sur Internet et disponible sur le site Islamonline colle à Biznas le caractère illégal de son procédé. Biznas a été fondé par Imran Khan, comptable agréé et orateur exceptionnel. Sa biographie « officielle » affirme qu'« il n'a pas son pareil pour constituer des réseaux de personnes ». Selon l'explication donnée sur son site Web, « BizNas » signifie « Business pour tous » - « Biz » pour business. « Nas » signifie « les gens » en arabe.