Sonatrach et la compagnie nationale Air Algérie ont procédé, samedi dernier, à Alger à la signature d'un accord portant cession par Air Algérie à Sonatrach des 49% des parts qu'elle détient dans la compagnie Tassili Airlines. Le contrat a été signé par Mohamed Meziane, président-directeur général de Sonatrach, et Tayeb Benouis, président-directeur général d'Air Algérie. Tassili Airlines, créée en 1998, était détenue à 51% par Sonatrach et à 49% par Air Algérie. Sa principale mission était d'assurer le transport, le transfert et les évacuations sanitaires du personnel des compagnies pétrolières et parapétrolières. « C'est une décision managériale que nous avons mûrie conjointement puis adoptée conformément aux stratégies respectives de développement de nos deux grandes entreprises et à leurs démarches spécifiques d'adaptation à l'économie de marché. Nous sommes convaincus que c'est en libérant Air Algérie et Sonatrach du cadre devenu étroit de leur association que nous allons contribuer au développement du transport aérien dans notre pays et améliorer la qualité des prestations qu'il offre à des clientèles devenues plus nombreuses, plus diversifiées et plus exigeantes », a déclaré Mohamed Meziane lors de la cérémonie de signature. Avec beaucoup de tact et de diplomatie, il mettra en évidence que cette séparation à l'amiable ne signifie pas divorce : « Même si en apparence nous devenons en quelque sorte des concurrents, bien entendu nous n'avons pas de prétentions en ce sens, nous resterons naturellement des partenaires tant il est vrai que dans le grand ciel de notre pays, il y a de la place pour tous. » Tassili Airlines se renforcera pour continuer à répondre aux attentes du transport aérien du secteur pétrolier et parapétrolier et sera transformée en une compagnie régionale avec une dimension service public. Les autorités se sont engagées à prendre en charge les sujétions qui en découlent. Les études sont en cours pour déterminer les meilleures options en ce sens. Les responsables de la nouvelle compagnie sont déterminés à « mettre en place des partenariats appropriés avec des professionnels du transport aérien ». L'apport de la nouvelle compagnie est loin d'être négligeable surtout que les lignes intérieures connaissent souvent des perturbations. Les voyageurs se plaignent des retards des avions d'Air Algérie qui a, certes, renforcé ses capacités mais a du mal à répondre à une demande de plus en plus forte. Des retards souvent justifiés par « l'arrivée tardive de l'appareil ». Le nombre réduit de vols à destination des villes de l'intérieur du pays est vécu comme un calvaire. Les prix des billets excluent les couches sociales au revenu moyen et deviennent carrément inaccessibles aux petites bourses. Détenant le monopole de fait sur les vols intérieurs, la compagnie a procédé à une troisième augmentation de tarifs alors que le taux de remplissage domestique est à une valeur faible de 58,5%. Ce qui a eu des incidences sur l'évolution du trafic aérien. Selon les chiffres publiés dans la dernière livraison de la revue de l'EGSA/Alger, « janvier 2005 a été caractérisé par une régression du trafic passagers global de l'établissement de l'ordre de 2% par rapport à janvier 2004, soit au total 330 318 passagers contre 337 060 passagers. Le trafic domestique est resté sur la même tendance en marquant un recul de 8,37% par rapport à la même période de l'exercice 2004, correspondant à 14 274 passagers en moins cette année ». L'achat des ATR 72-500 « particulièrement bien adaptés à notre marché régional », selon les déclarations de Tayeb Benouis, n'a rien changé à la situation. Les lignes intérieures sont structurellement déficitaires à 100%. Les pouvoirs publics doivent réfléchir à une réorganisation qui permet d'avoir la possibilité d'offrir aux passagers un plus grand nombre de destinations dans le cadre d'un réseau structuré et cohérent, tout en bénéficiant d'une chaîne de services homogène.