Deux mois après sa séparation à l'amiable avec Air Algérie, Tassili Airlines n'arrive pas à décoller. Créée en 1998 afin de répondre aux attentes du tranport aérien du secteur pétrolier et parapétrolier, cette compagnie bat de l'aile. Depuis la signature début mai 2005 du contrat de cession des 49% des parts d'Air Algérie à Sonatrach (devenue propriétaire à 100%), Tassili Airlines ne cesse de s'écrouler en douceur. Les quelque 300 employés, toujours dans l'expectative, s'interrogent sur les raisons du non-épanouissement de cette compagnie qui a pourtant tous les atouts et moyens pour ce faire. Selon une source très au fait du dossier, la compagnie ne dispose que de trois appareils de type Beechcraft (20 places chacun). Deux sont en panne depuis des semaines et attendent toujours réparation. Le dernier appareil sera mis à l'arrêt dès la semaine prochaine pour maintenance technique. Tassili n'aura plus, d'ici là, de quoi honorer ses engagements vis-à-vis de ses clients. Cette compagnie devra pourtant assurer seule la liaison entre les bases pétrolières du Sud et les grandes villes du Nord dès décembre prochain. Date à partir de laquelle Air Algérie abandonnera le transport des pétroliers et similaires. Ayant des ambitions de devenir une compagnie nationale à part entière et contribuer au développement du transport aérien domestique en desservant les lignes intérieures, Tassili Airlines patine en l'absence d'une stratégie appropriée. Elle a perdu le gros du marché au profit des compagnies étrangères et de la compagnie privée Air Express qui est en train de rafler la mise, ajoute notre source. Il y a, au moins, cinq bons marchés qu'elle a ratés depuis 2003. Des contrats ont été résiliés, car ils n'ont pas été respectés. Entre autres, le contrat qui lie la compagnie à la société pétrolière italienne AGIP et ayant pour clause de mettre à la disposition de cette dernière deux avions de type Pilatus et un Beechcraft pour le tranport de son personnel. Un autre accord signé avec la division forage de Sonatrach, située à Laghouat, a été rompu à cause de l'incapacité de Tassili à le rendre effectif sur le terrain. Il y a eu aussi résiliation du contrat signé avec Sonatrach division production pour le transport des employés de In Amenas par un ATR qu'elle n'a pas encore acquis. Pourquoi la direction de la compagnie n'a pas encore lancé l'avis d'appel d'offres ouvert pour acquérir une quarantaine d'appareils, comme il est indiqué dans son plan de développement 2005-2009 ? Il est à rappeler que Tassili Airlines devait bénéficier d'un nouveau statut lui permettant d'activer dans le transport grand public et de VIP (personnalités importantes). Il est également prévu que la compagnie recrute de jeunes pilotes ayant bénéficié d'une formation à l'étranger. Les pilotes et les commandants de bord laissés sur le tarmac du chômage après le krach de Khalifa Airways ont eu, eux aussi, la promesse d'être recrutés dans le cadre du nouveau plan de développement de cette compagnie, a-t-on appris de même source. « Nous commençons à perdre espoir et à refroidir nos ardeurs », nous avoue l'un d'entre eux. Celui-ci songe déjà à intégrer une compagnie étrangère et rejoindre ainsi les centaines de pilotes qui ont fui le chômage imposé par la fermeture du ciel algérien aux compagnies nationales privées. Les prévisions ont annoncé l'arrivée de Tassili Airlines dans l'aérien vers avril 2005. Cela aurait permis de « briser » le monopole infructueux d'Air Algérie. Mais au bout du compte, la compagnie, attendue sur les lignes domestiques, a plutôt plongé dans un coma profond. Des facteurs liés à la gestion ont fait que le bilan de la compagnie est négatif, apprend-on de même source. Celle-ci a ajouté que Tassili Airlines a acheté une billetterie - qu'elle n'a jamais utilisée - à 55 000 euros, sans évoquer d'autres prestations de services confiées à des « boîtes » étrangères à des milliers d'euros. Le personnel commence à s'interroger sur l'avenir de la compagnie qui peine à se dessiner à l'horizon. Déjà, trois cadres - le directeur technique, le directeur commercial et celui de l'exploitation - ont quitté la direction générale de Tassili Airlines. Une perte sèche pour une compagnie en construction. Ces cadres ont accumulé une longue expérience dans le domaine aéronautique à Air Algérie. Selon notre source, rien n'a été fait pour les maintenir à leur poste. Plusieurs requêtes ont été, par ailleurs, transmises à la direction générale de Sonatrach faisant état des défaillances de la compagnie et de la gestion contestée du PDG. Sonatrach a lancé un avis de recrutement d'un PDG pour cette compagnie aérienne. L'annonce a été publiée le 6 juillet 2005 dans la presse nationale et le dernier délai pour le dépôt du dossier de candidature est fixé au 31 juillet. S'agit-il d'une annonce de fin de fonctions de l'actuel PDG ? Selon les dernières informations, celui-ci est toujours en poste. Toutes nos tentatives de le joindre, depuis une semaine, se sont avérées vaines. Sa secrétaire nous a dit qu'il était « très occupé ».