Les fonctions de ministre de la Communication et de ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères chargé de la communauté à l'étranger seront pourvues ultérieurement », pouvait-on lire dans le communiqué officiel ayant répercuté le dernier remaniement partiel du gouvernement. Ainsi, pour la première fois, la corporation des journalistes célèbre aujourd'hui la Journée internationale de la liberté de la presse sans ministre de tutelle. Boudjemaâ Haïchour, désormais ex-ministre de la Communication, étant appelé à gérer le département de la Poste et des Technologies de l'information, son ancien poste est resté pour le moment vacant. La non-désignation de son successeur pourrait, selon des observateurs, s'expliquer par le fait que ce remaniement ait coïncidé justement avec la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse. Parce que désigner un ministre dont le nom est associé à la répression des journalistes serait le pire des hommages à rendre aujourd'hui à une profession ayant payé le prix du sang pour la sauvegarde de la République. La délicate mission qui sera dévolue au prochain titulaire du portefeuille de la Communication serait également à l'origine de l'hésitation de l'architecte des derniers changements quant à la nomination d'un nouveau ministre dans un secteur difficile à « dompter ». Le fait de connaître le nom et le profil de la personnalité à laquelle sera échue la Communication, renseignera, à coup sûr, sur les futurs rapports presse-pouvoir et la prochaine attitude des pouvoirs publics face à la corporation. Va-t-il épouser l'attitude mi-figue, mi-raisin de Haïchour, un ministre ballotté entre une tentation réconciliatrice et une hostilité aussi anodine soit-elle à l'égard de la presse ? Boudjemaâ Haïchour, on s'en souvient, avait promis une décantation à travers l'amélioration des relations entre le pouvoir et la presse. Cet engagement, il faut le dire, n'a pas été suivi d'effet. Il était en outre l'homme qui a voulu accélérer le débat sur l'avant-projet de loi sur l'information. Se basant sur la démarche, somme toute, inamicale des pouvoirs publics à l'encontre de la profession, des observateurs de la scène médiatique nationale ont prédit des jours sombres pour la presse avec l'adoption du projet du code de l'information. Pour couper l'herbe sous le pied de l'organisation mise en place par la corporation, M. Haïchour comptait également soumettre aux journalistes un « brouillon » de la charte sur l'éthique et la déontologie. Une telle œuvre, faut-il le souligner, ne relève aucunement des prérogatives de la tutelle. Pour d'autres analystes, en revanche, le débat ne se pose pas en termes de ce que fera le prochain ministre mais du rôle du département de la Communication. En ce sens, ils remettent en cause l'existence même de ce ministère. Dans plusieurs pays étrangers, les démocraties avancées notamment, l'on assiste à la suppression pure et simple de ce département. Chez nous, le pouvoir demeure toujours prisonnier du schéma traditionnel de la communication. A l'heure de la mondialisation tous azimuts, un conseil supérieur de l'information, un organisme indépendant, serait largement suffisant pour s'occuper de la presse. Dans un tel système, même l'élaboration de l'« information d'Etat » n'est pas du ressort d'un ministère de la Communication.