Les citoyens de Oued Zebboudj dans la commune d'El Hoceïnia, relevant de la daïra de Boumedfaâ à l'est de Aïn Defla, rencontrés mardi dernier dans leur village, sont déterminés à prendre eux-mêmes en charge les problèmes de la cité. C'est pourquoi ils espèrent avec impatience que le prochain découpage administratif fera de leur village une municipalité. En attendant, ils tentent de faire face à un quotidien fait de précarité à plusieurs niveaux. En effet, cette fraction de la commune d'El Hoceïnia située à quelques mètres seulement de la RN4 est confrontée à l'instar de plusieurs localités à Aïn Defla au problème du chômage. Selon les responsables municipaux, 90% des citoyens en âge de travailler n'ont d'autre alternative que le travail chez des privés. Des chômeurs se déplaceront à l'extérieur de la wilaya vers Blida, Alger ou Koléa pour subvenir aux besoins de leur famille. Aucune perspective d'emploi ne se profile à l'horizon, mis à part quelques menues besognes dans le cadre du dispositif pour absorber le chômage consistant en des travaux d'utilité publique. Pourtant, feront remarquer des habitants de Oued Zeboudj, des experts étaient venus dans leur région dans les années 1990 et avaient déclaré que le sol contenait de l'argile rouge qu'on pourrait exploiter pour la fabrication de briques de bonne qualité. Cette idée semble beaucoup séduire les habitants, car cela permettra d'endiguer la crise du chômage dans cette région. Alors pourquoi ne pas relancer l'idée à la faveur de l'amélioration de la situation sécuritaire ? Spectacle insolite à Oued Zeboudj en particulier et qui dure depuis des années, voire des générations. En effet, tout le long du chemin qui traverse le village, des dizaines de jerricans de toutes couleurs et dimensions jonchent le sol. Des ribambelles d'enfants, des jeunes, des moins jeunes attendent patiemment le passage traditionnel du camion-citerne portant l'inscription eau potable. Selon les habitants et les responsables, c'est un scénario qui se répète depuis l'indépendance. L'eau, une denrée rare depuis des années Cette situation connue de tous est due notamment à l'éloignement de la source, puisque la principale conduite est située à Djendel (à 17 km) et celle qui alimente le centre-ville est située au mont Manora. Cette dernière qui passe sous le tunnel est soumise aux vibrations intenses liées au trafic ferroviaire à cet endroit qui détériorent constamment les canalisations vétustes et l'eau arrive souvent trouble chez le consommateur. Soulignons que dans tous les cas, l'eau dans cette région est déclarée impropre à la consommation puisque, selon les responsables, elle contient une forte teneur en nitrate, ce qui n'est pas sans danger sur la santé de la population alors que, de l'avis de tous, une solution existe et elle est définitive. C'est l'approvisionnement à partir du barrage El Moustaqbal à 7 km de là. Une solution à privilégier, d'autant qu'un forage de reconnaissance qui aura coûté très cher a été récemment abandonné à 850 m, car s'étant révélé infructueux. Habitat et scolarité Oued Zeboudj connaît également la prolifération de l'habitat précaire en raison du mouvement massif des populations ayant fui le terrorisme. Les citoyens qui vivent dans des conditions déplorables, surtout en hiver, manifestent le désir de retourner dans leur lieu d'origine si l'Etat consent à leur venir en aide. Cependant, selon le P/APC d'El Hoceïnia, 30 subventions de 5 millions de dinars seront bientôt attribuées et concerneront, en premier lieu, 28 familles se trouvant sur l'axe où passera un tronçon de l'autoroute Est-Ouest. En outre, 20 logements seront remis dans les prochains jours à leur prébénéficiaire dans la fraction de Oued Smar sur 200 demandes déposées auprès de l'APC. Des chiffres insignifiants qui sont loin de mettre un terme aux crises sociales dans cette région. Par ailleurs, il est à signaler que des citoyens résidant dans le quartier des 45 Logements attirent l'attention des pouvoirs publics sur leurs habitations dont certaines présentent de larges et profondes fissures après le séisme de Boumerdès. Sur le plan de la scolarité, on notera le besoin crucial d'un CEM pour éviter que les collégiens se déplacent à 17 km sur la RN4, très dangereuses surtout pendant l'hiver. Pour leur part, les lycéens déplorent le manque de transport vers leur établissement situé à Boumedfaâ, chef-lieu de daïra à plusieurs kilomètres de leur village.