Le système de formation qui était piloté par l'offre est révolu. Il a eu d'ailleurs pour conséquences le chômage et l'absence de qualifications dans certains secteurs de l'économie. Les nouvelles règles induites par l'économie de marché et le développement technologique imposent la mise en œuvre effective de compétences et de profils plus précis. Pour ce faire, une nouvelle politique de pilotage par la demande de l'économie s'impose. Une politique nécessitant la mise en place d'organes et d'instruments de construction de l'offre de formation. C'est dans cette optique que le secteur de la formation professionnelle a mis en place les Comités nationaux des branches professionnelles (CNBP). Des comités pour lesquels il est échu la conception et l'élaboration du projet de Nomenclature nationale des emplois et des métiers (NNEM) qui devra prendre effet à partir de septembre 2005. « Ces CNBP - il y en a 20 en tout - sont chargés d'adapter en permanence l'offre de formation dans ses contenus, d'être attentifs à l'émergence des métiers, de veiller à ce que l'offre de formation qui est proposée trouve des débouchés et de procéder à l'homologation des programmes de formation », a soutenu hier le président de la commission scientifique pour la préparation de la conférence internationale des branches et des spécialités de la formation professionnelle, M. Aït Boudaoud, qui se tient, depuis avant-hier, à Alger et portant essentiellement sur le projet de Nomenclature nationale des métiers et de l'emploi (NNME). Un projet qui se veut, selon les participants, « un instrument commun et opérationnel pour la gestion des métiers et emplois », mais aussi « un outil stratégique conçu pour l'intermédiation sur le marché du travail ». En somme, il s'agit d'une nomenclature capable de répondre aux besoins des différents acteurs du marché de l'emploi et de la formation. Intervenant dans ce cadre, Zaki Zouhir Riabi, coordonnateur d'études au Centre d'études et de recherche sur les professions et les qualifications (CERPEQ) a déclaré que ce projet qui a démarré en 1993 « nécessite énormément de moyens humains et matériels », insistant sur le « manque d'informations » dans le domaine de la formation professionnelle. A ses yeux, le CERPEQ « ne peut à lui seul mener ce projet jusqu'au bout ». La mise en place de cette nouvelle nomenclature impliquera la rénovation des diplômes et la refonte des programmes existants ainsi que l'acquisition d'équipements technico-pédagogiques pour les nouvelles spécialités et la mise à niveau des ateliers et laboratoires. Elle devra aboutir, en outre, à l'élaboration d'une carte des formations et la mise en œuvre d'une nouvelle organisation de ces formations. Toutefois, ces organes et ces instruments restent « insuffisants », selon les participants à cette rencontre qui préconisent le renforcement des capacités du CERPEQ et des instituts de formation professionnelle ainsi que la révision des nomenclatures nationales, notamment celle ayant trait au niveau de qualification. Jean-Yves Frigon, du Consortium international de développement en éducation (CIDE, Canada), a estimé que « la nomenclature des emplois et des métiers » constitue la pierre angulaire de tout système de « veille de l'emploi » et devient de ce fait, selon lui, un prérequis au développement de l'observatoire de l'emploi. Un projet qu'il compte instaurer bientôt en Algérie. Pour sa part, José Rose, directeur-adjoint du Centre d'études et de recherche en qualifications (CEREQ) à Marseille a soutenu, pour le cas de la France, qu'il y a deux nomenclatures, l'une concernant les spécialités de formation et la seconde relative à l'emploi. Pour cet expert, une nomenclature est conçue pour « aider à la prise de décisions dans le domaine de la formation et de l'emploi ». Selon M. José « ce serait une erreur d'imaginer qu'on peut transposer ces expériences ». Il convient de souligner que cette conférence, à laquelle ont été conviés des experts étrangers pour apporter leur expérience dans le domaine, sera sanctionnée par des recommandations sur la révision et l'actualisation de la nomenclature des spécialités et branches de la formation professionnelle.