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Renouveler la problématique du développement en Algérie
Publié dans El Watan le 20 - 11 - 2006

Fin de la décennie 80, la crise ayant révélé au grand jour les insuffisances et tares de l'économie nationale, les programmes d'ajustements structurels paraissaient promettre la clé du développement et du progrès au prix de quelques sacrifices et de l'abandon de traditions de gestion inadaptées et de comportements irrationnels des agents économiques (y compris l'Etat).
Les équilibres macroéconomiques rétablis (non sans chocs), l'économie s'est avérée à l'arrêt, l'emploi s'est rétracté, le chômage, la pauvreté et les fléaux ont gagné du terrain et menacent une grande partie de la population. La croissance retrouvée grâce à une conjoncture commerciale internationale favorable, les disponibilités financières du pays se sont améliorées, mais des principaux problèmes de développement demeurent : chômage, stagnation industrielle, vulnérabilité des exportations, incertitude des recettes et donc des prévisions budgétaires…De l'expérience de développement de l'Algérie, il apparaît que les problématiques y afférentes peuvent être différentes selon les conjonctures historiques. Toutefois, il en ressort que leur noyau dur reste le même. Ainsi, la question centrale de la problématique du développement est dans la nécessité de transformer la croissance en développement, d'une part et tenir compte des contraintes et des opportunités de l'insertion de l'économie algérienne dans la mondialisation, d'autre part. L'Algérie a acquis près d'un demi siècle d'expérience de développement, ce qui du point de vue de l'évolution historique, ne constitue pas en soi une longue période. Néanmoins, eu égard aux situations et bouleversements économiques, sociaux, politiques…qu'elle renferme en son sein et qui continuent à se produire sur la scène nationale, cette expérience apparaît suffisamment complexe pour constituer matière à diagnostic et analyse. Depuis l'indépendance, des efforts de développement soutenus ont été consentis et des progrès et avancées dans l'amélioration des conditions de vie des populations ont été réalisés. Mais, aussi, des difficultés économiques et sociales continuent à sévir : chômage, stagnation industrielle, déséquilibre régional… C'est dire que la question du développement reste entière et interpelle les différents acteurs (gestionnaires, responsables politiques, universitaires…) en vue de la circonscrire et l'élucider.
1- Le développement, un concept inachevé
Cette question intègre aujourd'hui, de façon plus explicite que par le passé, un élément nouveau : la mondialisation, même si cette dernière est en soi un processus ancien. De ce fait, elle nécessite objectivement qu'elle soit renouvelée, repensée et reformulée. Une telle tâche impose au préalable la clarification du concept de développement. L'économie du développement n'est relativement pas très ancienne, elle doit son émergence en tant que pratique et mise en œuvre de programmes et politiques économiques et en tant que pan important de la théorie économique, à deux faits historiques majeurs : la reconstruction européenne d'après-guerre et la décolonisation. Les deux principales questions qui ont fait et font encore le fondement de cette économie du développement se résument à la définition du développement - le " quoi " du développement, d'une part et d'autres part, aux méthodes et moyens de développement -le " comment " du développement. La période d'après-guerre correspond à une phase de mondialisation de l'économie qui va s'étaler jusqu'au milieu de la décennie 1970, elle est communément appelée la période des trente glorieuse, " la plus longue phase d'accumulation ininterrompue de toute l'histoire du capitalisme " , accumulation réalisée par des firmes multinationales en pleine expansion qui se reproduisaient sur l'espace mondial sur la base de l'organisation fordiste de la production. Le développement était alors considéré comme étant, en Europe, la reprise de la croissance, par la reconstruction industrielle et, dans les pays décolonisés, la mise en place d'un tissu économique, industriel, capable de produire la croissance. Il était confondu à la croissance qui était censée le produire par le jeu " des effets de retombées ". Il n'est nuancé que dans les méthodes, les voies et les moyens de sa réalisation. Dans ce sens, c'est plutôt la question du " comment " qui a mobilisé les esprits et les énergies durant cette période. Dans quels secteurs fallait-il investir ? pour quel marché, intérieur ou extérieur, fallait-il produire ? croissance par la stimulation de l'offre ou par celle de la demande ?…telles sont les principales questions et préoccupations de l'économie du développement des trente glorieuses. Des modèles nombreux ont été construits pour tenter de répondre à ces questions. Quelques uns sont fondés sur le rôle et les relations des branches d'activités (industrie lourde, industrie de substitution, industrie d'exportation, agriculture…) dans le noircissement de la matrice interindustrielle et l'économie en général, d'autres, sur les relations et équilibres des catégories économiques d'épargne, d'investissement et de consommation. Le système libéral, n'est pour ainsi dire, pas remis en cause par ce processus d'accumulation mondiale où la préoccupation est plutôt celle d'agrandir le gâteau que de le répartir équitablement, même si par ailleurs, le système socialiste naissant d'alors prônait une autre conception du développement se voulant plus soucieuse du bien être de l'homme social. Néanmoins, l'histoire, les faits, ont montré que la croissance en tant qu'augmentation des quantités de richesse d'une nation ne signifie pas nécessairement le développement de cette dernière, la confrontation des deux concepts (croissance et développement) ayant d'ailleurs donné lieu aux concepts, pour le moins interrogatifs, de " croissance sans développement " et " développement sans croissance ". Ainsi, les agrégats macroéconomiques tels que PIB, PNB, Revenu national… ne suffisent plus pour signifier le développement. L'assimilation de la croissance (en tant que quantité et qualité de biens matériels et immatériels) au développement se trouve contrariée dès que l'on s'interroge sur sa destination ou son affectation et les conditions de sa réalisation et de sa reproduction, deux grandes pistes longtemps et profondément explorées par les économistes qui ont fini par conclure à la pluridisciplinarité/transdisciplinarité de la recherche pour s'associer aux sociologues et autres spécialistes en sciences sociales, en sciences de la nature et de la vie… Les organisations internationales (Banque mondiale, PNUD, BIT…) ont souvent fait le triste constat que surtout dans les pays en développement, la croissance économique s'accompagne paradoxalement de celle des inégalités et de la pauvreté. Ce qui les a incités, la fin des trente glorieuses annoncée par la crise du milieu des années 1970 aidant, à reconsidérer les indicateurs de mesure du développement, le développement sans adjectif se trouvant être fort ambigu et incomplet . Elles ont alors élaboré des programmes sectoriels spécifiques pour lutter contre la pauvreté : développement rural dans les campagnes ; création d'emplois dans les secteurs formel et informel dans les villes ; élargissement et équité de l'accès à l'éducation, la santé, le logement et autres services publics. De leur coté, les pays du tiers-monde, ayant désormais pris conscience de leur situation dans le concert des nations, ont revendiqué dès le début des années 1970, un " nouvel ordre économique mondial " que la 6e session spéciale de l'AG de l'ONU a adopté en 1974 sous la forme de " Déclaration et programme des Nations Unies pour un nouvel ordre économique mondial ". Et ces dernières décennies, les milieux géographiques et naturels et autres écosystèmes ayant fait les frais de la modernité, dont les déséquilibres menacent souvent jusqu'à l'existence de l'Homme et de la Terre, l'on se rend à l'évidence que le développement n'est plus développement tant il ne se soucie pas de la préservation de la nature et du bien être des générations futures. L'activisme des organisations mondiales, gouvernementales ou citoyennes, les rencontres et forums qui continuent à en traiter…témoignent de l'importance de ce sujet.
2- Le développement planifié en Algérie ou la prise en charge des besoins sociaux
Au-delà des modèles de sa construction et des indicateurs de sa mesure, le développement apparaît donc comme un concept mouvant, à géométrie variable. Hier, la croissance et le développement économique et social, aujourd'hui, le développement humain et solidaire et le développement durable. Quel sera le développement de demain ? En tout cas, le développement n'est plus une simple affaire de croissance ou même une préoccupation des nations prises isolément . La question du développement se mondialise. La problématique du développement en Algérie s'insère parfaitement dans cette perspective historique du développement. La première expérience de développement de l'Algérie indépendante est symbolisée par la période de planification impérative qui s'est étalée jusqu'au milieu de la décennie 1980. Un plan triennal, deux plans quadriennaux et un quinquennal ont été élaborés et mis en œuvre. Les années 1978 et 1979 n'ont pas été couvertes par un plan à moyen terme, mais elles ont connu des programmes d'investissement non négligeables. Aussi, un deuxième plan quinquennal (1985-1989) a été élaboré, sauf qu'il a été rattrapé par la crise née de la défavorable conjoncture pétrolière dès 1986. Cette crise a culminé en 1988 pour provoquer la grande rupture économique, sociale et politique avec tous les effets destructeurs qu'elle a produit tout au long de la décennie 1990. Durant cette période de plans, le développement était défini comme étant la satisfaction des " besoins sociaux " des populations, notion tout de même emprunte d'ambiguïté et d'imprécision. Empruntée à la théorie socialiste, la notion de besoins sociaux fait le lien entre la nature des besoins à satisfaire et le niveau de développement atteint par les forces productives, en ce sens qu'il est des besoins que la société ne peut considérer comme des besoins sociaux si l'état des forces productives ne pouvaient permettre leur satisfaction. Comme quoi, la société ne peut donner à l'individu que ce qu'elle peut lui donner. En tout état de cause, le développement résidait dans la satisfaction des grands besoins de :
santé ;
logement ;
d'éducations ;
d'emplois. La prise en charge de ces besoins symbolisait pour la mémoire collective, le rétablissement des populations algériennes dans leurs droits et leur dignité aliénés, par le passé, par le système colonial. Autour de cet ensemble d'objectifs étaient mis en œuvre des programmes de développement. A la question comment développer ? la réponse était dans la stratégie d'un développement indépendant et intégré porté par l'Etat, une option qui puise sa légitimité dans la nature populaire de la Révolution nationale et qui se justifie par la disponibilité de ressources naturelles susceptibles d'être transformées et de produire les effets de développement d'un tissu économique intégré. C'est cette conception qui a présidé à l'élaboration et la mise en œuvre de programmes de développement dans les deux principaux secteurs industriel et agricole. A l'industrie était assigné l'objectif de produire d'abord les biens d'équipement nécessaires à elle-même et à l'agriculture. A l'agriculture, celui de fournir les produits alimentaires nécessaires aux populations et à la transformation industrielle. Par ailleurs, des programmes d'investissement ont été mis en oeuvre dans les infrastructures économiques et sociales, la construction de logements, l'électrification rurale, l'alimentation en eau potable et l'assainissement, l'éducation/formation, la santé… Le financement de tels programmes était rendu possible et réaliste par, d'une part, les recettes d'exportation d'hydrocarbures dont les chocs de 1973 et 1979 ont engendré un surplus de disponibilités important, et d'autre part, les possibilités d'endettement offertes sur la scène financière internationale, l'Algérie paraissant potentiellement solvable au vu des richesses naturelles dont elles disposait. Durant toute la période de développement planifié, le challenge était dans les forts taux d'accumulation du capital, le pays s'étant toujours évertué à inscrire les meilleurs scores en la matière. La décennie 1970 que l'on peut qualifier de décennie glorieuse pour l'Algérie, a affiché des taux d'accumulation brute des fonds fixes (ABFF) dépassant, par années, les 45%. En situant cet épisode de développement national dans le processus de mondialisation , l'on relèverait sans difficultés quelques paradoxes et similitudes :
comme pour les trente glorieuses, le développement algérien post-indépendance est confondu avec la croissance économique extensive liée à la construction des branches économiques ;
la décennie glorieuse du pays s'est produite au moment où les trente glorieuses ont périclité, le même choc pétrolier ayant annoncé la fin de ces dernières, a produit l'aisance financière du pays. Néanmoins, ce qui est intéressant à souligner dans ce lien de la construction économique du pays à la mondialisation, c'est que l'industrialisation de l'Algérie de la décennie 1970 était une reproduction de celle des trente glorieuses caractérisée par l'organisation fordiste et tayloriste du travail et de la production (de masse, standardisée…). Les firmes multinationales en pleine expansion ont reproduit cette industrialisation jusque dans les pays en développement plus ou moins dotés en richesses nécessaires. Ainsi, l'on s'évertuait à installer les grands complexes industriels et à en attendre les fameux effets d'entraînement tout en perdant de vue que les mêmes complexes venaient de montrer leurs limites et provoquer l'impasse du développement par ailleurs dans les pays industrialisés. Si ce n'était la nature étatique de la propriété des entreprises, les effets de la crise de l'industrie fordiste importée se seraient manifestés probablement plus tôt. Il a fallu qu'un contre-choc pétrolier (effondrement des prix) se produise pour qu'il mette à nu dès 1986, la crise de l'industrie importée, une véritable bombe à retardement. Cette crise se résumait aux principaux déséquilibres suivants :
les capacités de production installées étaient insuffisamment utilisées avec tous les surcoûts et gaspillages que cela engendrait ;
l'emploi, le logement et autres besoins n'étaient pas assurés à tous, le chômage ayant même connu des pics préoccupants ;
les déséquilibres villes-campagnes ont provoqué l'exode rural, la bidonvilisation et la délinquance ;
le pays s'était surendetté. La crise provoquée par la chute des recettes d'exportation résultant de ce contre-choc pétrolier a été terrible, menaçant la Nation dans ses fondements. L'industrie installée durant la période faste ressemblait à un mastodonte que l'on ne pouvait plus nourrir ou que l'on ne pouvait nourrir qu'en privant le peuple de sa propre nourriture. C'est comme dans la sagesse populaire, " celui qui élève un monstre finit par se faire dévorer ". En effet, jusqu'aux premières années de la décennie 1990, les disponibilités de devises ne pouvaient assurer à la fois les importations des denrées alimentaires (de première nécessité) et des médicaments, des biens d'équipement et matières premières pour l'industrie et honorer les échéances de remboursement de la dette extérieure. Une situation qui a conduit d'ailleurs, à la cessation de payement et au rééchelonnement de la dette extérieure.
3- La libéralisation ou la quête d'un autre développement
C'est avec la collaboration du FMI et de la Banque mondiale, rendue possible par les engagements de rééchelonnement de la dette extérieure que l'Algérie allait réaliser une triple réforme :
sur le plan macro-économique, en rétablissant les équilibres nécessaires ;
sur le plan de la propriété, en abandonnant l'exclusivité étatique (passage à l'autonomie et des entreprise publiques, liberté d'entreprise ) ;
sur le plan industriel, en restructurant les grandes entreprises (quasiment mises en veilleuse ou maintenues " sous sérum " pendant toute la période de restructuration) par des plans de restructuration, de recentrage sur les métiers de base, d'essaimage, d'élagage, de sous-traitance, de modernisation de la gestion (introduction des principes de gestion privée)… Ainsi, l'industrie fordiste importée en Algérie y a couvé sa crise qui par conséquent, n'a éclaté que près de deux décennies après qu'elle se soit produite au niveau de l'économie mondiale. Pendant la décennie 1990, la question du développement était réduite à son simple " comment ", son objectif étant pratiquement limité à la création d'emplois. Effectivement, devant les nombreuses dissolutions d'entreprises, le ralentissement des activités et les vagues de suppressions d'emplois qui s'en sont suivies au nom de la rationalité économique, créer des emplois apparaissait déjà " trop demander à l'Etat ", un " luxe " que les chômeurs ne devaient sous-estimer. L'aisance financière retrouvée en ce début du troisième millénaire, toujours due à la hausse des prix des hydrocarbures , a permis à l'Etat de revenir sur la définition du développement pour y intégrer d'autres préoccupations et besoins d'alimentation, de santé, de formation…L'Etat se met même au diapason des exigences de plus en plus admises au niveau mondial pour intégrer les problématiques de développement local et des territoires, des écosystèmes, de développement durable et des générations futures, de droits politiques et culturels… Des moyens financiers colossaux sont alloués à des programmes d'investissement tous azimuts à travers les deux plans quinquennaux (plan de relance économique -2000/2004 et plan de consolidation de la croissance -2005/2009) élaborés et mis en œuvre par l'Etat. Cependant, il paraît tout à fait légitime de poser la question suivante : la situation de crise et de récession ne risque-t-elle pas de se reproduire, si les prix des hydrocarbures venaient à chuter comme par le passé ?
La réponse à cette question ne saurait être simple et expéditive, sachant d'une part, sur le plan théorique, l'existence de crises économiques cycliques et d'autre part, le caractère difficilement prévisible de ces mêmes crises. Elle peut par contre, être esquissée autour des éléments distinctifs suivants :
la croissance due aux investissements de l'Etat doit pouvoir aider à l'émergence d'une économie privée capable de l'entretenir et l'accroître ;
l'économie n'est plus régie par la propriété et la gestion étatique, les règles de gestion privée, d'économie de marché étant désormais instaurées ;
la reconstruction industrielle n'est plus le fait de l'Etat, mais elle se fait sur les bases objectives de la création d'activités et d'entreprises ;
le champ industriel (l'économie dans son ensemble) est ouvert aux changements structurels, organisationnels, technologiques… ;
cette ouverture est confortée par l'adhésion de l'Algérie aux différents engagements internationaux pour la liberté d'entreprise et du commerce et autres projets internationaux et régionaux ;
l'Etat s'est retranché dans ses missions de régulation, de soutien et de stimulation de l'activité économique, sachant que le processus de développement du tissu industriel de PME en cours reste à intensifier . Tous ces éléments permettent de souligner que le processus de développement tel que ré-enclenché depuis fin des années 1990 n'est pas en porte-à-faux par rapport aux mutations de l'économie mondiale (libérale). Au contraire, il est une sorte de réintégration effective de l'économie nationale à cette dernière. Ainsi, en ce début du troisième millénaire, le développement n'est plus la satisfaction des besoins essentiels de l'homme, mais aussi la prise en charge et le respect de ses besoins culturels et spirituels et la garantie de ses droits civiques et politiques. De même qu'il intègre désormais, l'entretien des équilibres environnementaux et les droits des générations futures. De ce fait, le développement n'est plus destiné à l'homme seulement, mais aussi à son environnement, celui-ci et celui-là formant une unité à préserver. L'Algérie doit aujourd'hui tirer les leçons de son passé. Les situations de crise et de non développement qu'elle a vécues ont produit des effets pervers qui ont menacé l'existence même de l'Etat et de la Nation. La croissance économique en cours est comme par le passé, celle des prix des hydrocarbures. Si elle ne venait pas à asseoir les bases d'un développement sain, sa contraction éventuelle dans le futur risquerait de reproduire les mêmes effets dévastateurs. L'intégration historique de l'économie nationale présente des avantages et des inconvénients. Mais, vouloir ne pas s'y intégrer ne présente que des inconvénients. Si l'Algérie connaît son embellie financière depuis quelques années, c'est parce qu'elle est justement intégrée à l'économie mondiale, essentiellement par son secteur des hydrocarbures. D'autres pays et régions connaissent actuellement le chaos le plus total car ignorés par la machine de la mondialisation. La guerre, la famine, l'esclavage et autres fléaux supposés révolus font encore le quotidien de nombreuses populations et le berceau de millions d'enfants dans le monde. C'est dire que le développement doit être la mission noble, ininterrompue de l'Etat et des citoyens.
Conclusion
Considéré dans une perspective historique, le développement est un concept inachevé, intégrant toujours des préoccupations nouvelles au fur et à mesure de l'évolution économique et sociale des sociétés humaines. De la satisfaction des besoins essentiels de l'homme dans le passé, il intègre aujourd'hui les besoins culturels, de démocratie, de liberté, d'environnement sain des générations présentes et futures… L'Algérie connaît une phase de croissance due au marché des hydrocarbures qu'elle doit pouvoir transformer en développement par la mise en place d'un tissu économique sain, à l'écoute des transformations de l'économie mondiale et l'instauration et le soutien de la démocratisation de la société susceptible de favoriser l'équité d'accès au développement.
Notes :
F. Chesnais. La mondialisation du capital. Paris, SYROS, 1997. p.33. voir notre communication " L'économie du développement à l'épreuve de la mondialisation ". Colloque international " Les politiques économiques : Réalités et perspectives ". Laboratoire POLDEVA, FSESGSC/Université de Tlemcen, 29 et 30 novembre 2004.
La réflexion de S. Latouche " Le développement à particule " in http://reseaudesbahuts.lautre.net, nous semble fort éloquente à ce sujet.
Les OMD (objectifs du millénaire pour le développement) proclamés par l'ONU en 2000 en sont bien révélateurs.
Nous soutenons que l'économie algérienne a toujours été intégrée au processus de mondialisation. Voir R. Boudjema et M. Sadoudi : La mondialisation, un processus historique inachevé. " Revue d'Economie et Statistique Appliquées " n°6, Mai 2006.
Le développement local est le grand perdant de la crise du fordisme. L'équilibre régional et l'aménagement du territoire apparaissent dès 1980, comme des problèmes structurels du système économique en place, qu'il fallait prendre en charge de manière urgente. Qui n'est clairement consacrée qu'en 1993 par le décret 93-12 relatif à la promotion des investissements. Qui décidément font la richesse et la pauvreté du pays ! Voir les OMD (objectifs du millénaire pour le développement). La population de PME est certes à dominante privée, mais elle reste insuffisante comparativement aux pays développés ou même à des pays en développement. Voir à ce sujet, notre communication : La problématique du financement de la PME en Algérie. Colloque international " Le développement de la PME dans les pays arabes ". Université de Chlef, 17 et 18 avril 2006.


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