L'université Saâd Dahlab de Blida a inauguré hier la 3e session du programme de formation sur « Le journalisme scientifique ». A l'ouverture de cette rencontre, il a été mis en exergue la nécessité pour la presse algérienne de passer de la phase généraliste à celle de la spécialisation dans le sens qu'il faudra doter la presse de vrais professionnels en des matières précises. Les journalistes devraient être capables d'avoir des domaines d'intervention bien pointus. Ainsi, on pourra travailler de manière à avoir des spécialistes en économie, dans le domaine médical ou des nouvelles technologies. V. Gaullier, journaliste et enseignant à l'Ecole supérieure de journalisme de Lille, a exposé le panorama et la typologie de la presse scientifique et le métier de journaliste scientifique : « Les gens qui dirigent les journaux en France quand il sont généralistes sont persuadés que la science n'intéresse personne et qu'elle est incompréhensible. Quand on regarde la presse scientifique, on se rend compte qu'il y a 50 journaux en France et qu'il y a en moyenne tous les mois 20 millions de lecteurs de magazines scientifiques. » Dans un souci typologique, la presse scientifique peut se diviser en trois grandes catégories : les scientifiques généralistes (une dizaine de titres), les scientifiques spécialisés (une quinzaine de titres) et les scientifiques ludiques (moins de six titres). La demande d'informations scientifiques est immense. Rien qu'en France, 1,7 million de personnes achètent tous les mois un mensuel scientifique et technique selon les données 2004 de l'Association pour le contrôle de la diffusion des médias (OJD) et de la direction du développement des médias, une instance qui dépend directement du Premier ministre. Ce qui fait entre 14 à 24 millions de lecteurs. « Il faut dire qu'en France, la lecture d'un magazine, au même titre que la pratique du football, est un sport national. Par contre, on y excelle en permanence : les Français sont les premiers lecteurs de ce type de journaux dans le monde avec 1354 exemplaires pour 1000 personnes », a-t-il ajouté. A la télévision, la majorité des émissions passe par le prisme déformant du divertissement à l'image de « E=M6 » et qui est rarement synonyme d'enrichissement. La différence notable entre la presse écrite et l'audiovisuel est dans la place laissée à l'information scientifique : il y a beaucoup de magazines scientifiques, régulièrement des pages entières sont consacrées dans des quotidiens à la science, à la télévision ; par contre, on n'a pas le temps de tout raconter. Un sujet d'une minute trente au JT, c'est à peine 15 lignes. Le journaliste est forcé d'aller à l'essentiel et pour faire simple, il fait dans le « spectaculaire », car il n'a pas le temps d'être dans la subtilité.