Organisée à l'initiative de l'association culturelle et sociale L'avenir de Chelghoum Laïd, la rencontre d'information et de sensibilisation sur le fléau de la toxicomanie, tenue jeudi dernier au technicum Kheira Zerrouki de la même ville, a été suivie avec une attention particulière par les présents, eu égard à l'indéniable qualité des communications présentées à l'assistance étoffée. Educateurs, sociologues, psychologues, invités, personnalités civiles et militaires, étudiants et lycéens ont assidûment vécu les péripéties fort instructives de ces assises relevées. Les conférenciers qui se sont relayés à la tribune, improvisée pour la circonstance, ont globalement mis en relief les effets pervers et les conséquences dramatiques de la toxicomanie qui, selon les animateurs, s'est infiltrée en milieu scolaire et estudiantin, tout comme elle a fatalement abouti à l'implosion du noyau social et à l'effritement du tissu familial. La brillante communication de M. Abdennouri, directeur général de l'Office national de lutte contre la toxicomanie, révélera aux séminaristes la politique nationale de prévention et de lutte contre la toxicomanie qui, selon une statistique nationale, est passée de 5100 drogués en 2003, à 5700 à fin 2004, soit une évolution de 11%. Le thème relatif au « secourisme scolaire » a été développé savamment par le directeur de l'organisation nationale de protection des jeunes. Cette initiative inédite fort soutenue par l'Etat est de conception algérienne. Laquelle expérience qui, certes, requiert de gros moyens et implique l'adhésion de plusieurs partenaires (douane, Gendarmerie nationale, sûreté, santé et éducation) a recueilli les faveurs du maire de Paris, Bertrand Delanoë, en marge de sa visite à Alger. Il y a lieu de souligner aussi que la quasi-totalité des communications ont établi le constat que la répression et l'incarcération tous azimuts conduisent les drogués à se suicider ou à devenir de redoutables criminels. Le salut et la délivrance de jeunes toxicomanes ne passent pas par une prison, sauf lorsqu'il s'agit de barons mafieux qui introduisent sans état d'âme ce virus mortel dans le pays. Preuve en est que la loi sanitaire 85-05 du 16 février 1985 fait obligation à l'Etat d'opter pour le placement médical dans des centres appropriés. Or, il est notoirement admis qu'en dehors de certaines structures particulières et hôpitaux psychiatriques, ces institutions « spécialisées » font terriblement défaut. Par ailleurs, les pouvoirs publics n'octroient paradoxalement que la portion congrue du PIB, soit 1% au secteur de la recherche. A cette problématique se greffent d'autres facteurs aggravants du phénomène de la toxicomanie, sachant les dangers que représente la proximité avec le Maroc, classé par l'ONU parmi les plus grands pays producteurs de cannabis. Plus approfondie et exhaustive sera l'étude faite par Abdelaziz Belharkat, professeur universitaire qui démontrera que sur un spécimen de 190 sujets, 61 personnes consomment du tabac, 41 de l'alcool et 31 du cannabis. Les tranquillisants et les barbituriques complètent enfin ce sombre tableau. Ce qui dénote a priori que l'hydre de la drogue est tentaculaire et que la toxicomanie n'est que la partie centrale du problème. Aïssa Kasmi de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, directeur de la coopération internationale et ex-haut cadre à la DGSN qui, au demeurant est à créditer d'une prestation haut de gamme, présentera à un public émerveillé et admiratif les « différents types de drogues et leurs effets ». Qu'elle soit désignée sous le vocable de haschich en Orient, chira en Afrique du Nord, marijuana en Amérique du Sud et haschich liquide à Amsterdam (Hollande), la drogue et ses multiples ramifications : alcool, solvants, gaz, colles et autres substances psychotroques, sont autant de fléaux aussi nocifs que meurtriers, car causant la mort à petit feu. Aux affirmations d'un intervenant, l'alcool tue jusqu'à 60 000 personnes par an en France. Des chiffres effarants qui donnent froid au dos, mais le paroxysme de l'horreur se manifestera dans toute son ampleur avec la projection de diapos insoutenables de personnes sauvagement mutilées, poignardées et égorgées par des agresseurs sous l'emprise de la drogue, ou encore, de quelques séquences saisissantes montrant des suicidés qui se sont tailladées la veine. En somme, le développement socioéconomique restera vain, si l'on ne remporte pas le défi de l'éradication de la drogue. La création de cellules de proximité, la mise en place de programmes pédagogiques de vulgarisation, l'insertion des drogués dans des associations appropriées, la matérialisation effective du dispositif préventif et la coopération régionale et internationale peuvent baliser le terrain de la lutte contre ce cataclysme universel.