Les modalités de mise en œuvre de la Convention d'Ottawa, conclue à Oslo le 18 septembre 1997, relative à l'interdiction des mines antipersonnel, la sensibilisation, la prise en charge des victimes et la coopération internationale, c'est le thème du symposium international qui se tient depuis hier à l'hôtel Sheraton d'Alger. Les travaux de cette rencontre, organisée par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale avec le concours de l'ambassade du Canada à Alger et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), devront toutefois se poursuivre durant toute la journée d'aujourd'hui. Outre les parties organisatrices, plusieurs experts venus de différents pays et des diplomates accrédités à Alger ont pris part à cette manifestation humanitaire. Dans son allocution d'ouverture, Djamal Ould Abbas, ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, a rappelé le processus multilatéral de négociations qui a abouti, en 1997, à l'adoption de la Convention d'Ottawa. « L'Algérie, a-t-il dit, qui n'a que trop souffert de ces engins explosifs, a été partie prenante de cette convention qu'elle a signée en 1997 et ratifiée le 17 décembre 2000. » De son côté, le président de la République, M. Bouteflika, a souligné, dans un discours lu par M. Ould Abbas, que l'Algérie, « qui a souffert des ravages provoqués par les mines antipersonnel, est aujourd'hui particulièrement sensible à ce fléau et déterminée à apporter sa contribution pour son éradication ». En effet, l'explosion des mines antipersonnel en Algérie est devenue, depuis la Second Guerre mondiale, un véritable drame national. A l'est comme à l'ouest du pays, ces engins de la mort continuent de blesser, de mutiler et de semer la mort parmi des civils innocents. Ce sont souvent des enfants et des bergers qui se font prendre par la détonation fatale. Au lot de mines amorcées pendant la Seconde Guerre mondiale et celles disséminées par l'armée française tout le long des lignes Challe et Morice durant la guerre de Libération, s'ajoutent les engins explosifs piégés par les groupes armés durant la décennie du terrorisme. « Les terroristes ont eu recours à des bombes de fabrication artisanale qui répondent parfaitement à la définition formulée par les dispositions de la Convention d'Ottawa », a expliqué un expert. Selon M. Daho Ould Kablia, qui s'exprimait en sa qualité de représentant du ministère de l'Intérieur et ancien du ministère de l'Armement et des Liaisons générales (MALG), depuis 1962, 1341 personnes furent touchées par l'explosion des mines antipersonnel en Algérie. Néanmoins, les campagnes de déminage effectuées par des unités spécialisées de l'ANP ont permis, selon les différents intervenants, d'éliminer près de huit millions de mines antipersonnel et de nettoyer plus de 50 000 ha de terre. Cependant, de la totalité de onze millions de mines semées par l'armée coloniale, environ trois millions demeurent toujours enfouies sous terre dans les bandes frontalières de l'est et de l'ouest du pays. « Consciente du danger que présente ce phénomène, l'Algérie, en adhérant à la Convention d'Ottawa, a opté pour la destruction graduelle de son stock », a souligné M. Djamal Ould Abbas. L'Algérie, faut-il le rappeler, a entamé son programme de destruction de ses réserves de mines antipersonnel au mois de novembre 2004. La décision de l'Algérie, qui revêt une importance beaucoup plus politique que militaire, a permis dans ses différentes étapes de détruire un total de 93 461 mines antipersonnel. Le programme concocté par l'Algérie prendra, par ailleurs, fin en avril 2006 avec comme finalité la destruction de son stock total estimé à environ 150 000 mines. Dans son intervention, Son Excellence l'ambassadeur du Canada à Alger, Robert W. Peck, a félicité l'Algérie pour son « engagement et sa détermination avec d'autres pays à débarrasser le monde de cette arme qui frappe aveuglément ». En ce sens, M. Peck considère l'Algérie comme « le chef de file de cette campagne visant l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel ». Le nouveau ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, a affirmé dans une allocution diplomatique qu'à travers la Convention d'Ottawa, la communauté internationale « s'est engagée sur la voie d'une action humanitaire très louable qu'il faudra encourager ». M. Bedjaoui a précisé, par ailleurs, que près de 120 millions de mines antipersonnel restent actives à travers le monde. Pour venir à bout de ce phénomène dévastateur, le chef de la diplomatie algérienne a lancé un appel aux pays qui n'ont pas encore ratifié la Convention d'Ottawa à accélérer leur processus d'adhésion. Les travaux du symposium seront clôturés aujourd'hui par une déclaration finale de sensibilisation. La Convention d'Ottawa est désormais étayée par « l'Appel d'Alger ».