Le pays est en train de négocier le volet relatif à la prise en charge physique et morale des victimes des mines antipersonnel. La problématique des mines antipersonnel «cultivées» par la machine de guerre coloniale le long des frontières est et ouest du pays, va-t-elle enfin connaître une solution? S'exprimant, hier, lors d'une conférence de presse animée au siège de son département, le ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, M Djamel Ould Abbès, a déclaré que l'Algérie est en train de négocier avec la partie française, dans le cadre du traité d'amitié, qui sera signé dans les prochains mois entre les deux pays, «du volet relatif à la prise en charge physique et morale des victimes des mines antipersonnel». Autrement dit, l'Algérie va demander officiellement à la France, selon le conférencier, des indemnisations. Une question abordée par le ministre algérien, à l'occasion de son dernier déplacement effectué en France depuis deux semaines. Interrogé sur la déclaration d'un officiel français, attestant que l'Algérie ne possède pas de carte de positionnement des mines antipersonnel «disséminées» durant la période coloniale, ces dernières étant, d'après le conférencier détruites par l'OAS. Notons que cette conférence de presse intervient 48 heures avant le 1er Symposium international sur la mise en oeuvre de la convention d'Ottawa qui s'ouvre demain à l'hôtel Sheraton. Selon Djamel Ould Abbès, «plus de trois millions de mines antipersonnel sont dans la nature. Malheureusement, l'Algérie n'a pas de carte pour les localiser, ce qui constitue une menace pour la vie de milliers de personnes». Le pays, qui a réussi à déminer entre 1963 et 1988, 50.000 hectares en éliminant plus de 7,5 millions de mines, fait face aujourd'hui à un sérieux problème: «En ce qui concerne les mines déposées avant 1962, les choses étaient relativement claires pour nous, sachant d'avance que les forces coloniales avaient procédé à l'édification de barrages minés dans les régions frontalières à l'est et à l'ouest, plus communément connus sous les noms Challe et Morrice, mais la situation n'est plus la même pour les mines déposées par les terroristes, lesquelles ont été disséminées partout et sans autre considération tactique que celle de terroriser les populations», ajoute Ould Abbès. Pis, les autorités n'arrivent pas à localiser avec précision les endroits utilisés par les terroristes durant la décennie noire pour enfouir leurs mines mortelles. Les wilayas comme, Jijel, Médéa, Tiaret, Aïn Defla et Relizane, sont citées comme des zones à risque. «Nous recevons souvent des informations faisant état de la mort d'une personne dans ces régions, suite à un contact avec une mine antipersonnel.» Comment les autorités comptent-elles remédier à cette situation? Le ministre ne fait état d'aucune solution concrète. Il s'avère que les informations fournies par des terroristes arrêtés ou repentis sont, du moins pour le moment, incontournables. Il est donc clair, estime le ministre de la Solidarité nationale, que l'objectif de la rencontre internationale sur les mines antipersonnel permettra le «partage des expériences dans le domaine de la prise en charge des mines antipersonnel» et à «développer la coordination en matière d'insertion socioprofessionnelle des victimes». La rencontre sera sanctionnée par «la déclaration d'Alger», laquelle sera un cadre de référence universel en matière de destruction des mines antipersonnel. Rappelons que l'Algérie a signé la Convention d'Ottawa sur l'interdiction des mines antipersonnel, le 17 décembre 2000. Un comité interministériel de suivi, placé sous l'autorité du chef du gouvernement, a été créé le 8 mai 2003. Par ailleurs, le pays a procédé, le 24 décembre 2004, à la destruction à Hassi Bahbah, d'un premier lot de 3030 mines sur un total de 150.000 mines de l'arsenal militaire algérien, toutes destinées à être détruites d'ici à 2006. Enfin, selon les statistiques officielles, une personne meurt toutes les 20 minutes à cause des mines antipersonnel.