La situation sanitaire est d'autant plus alarmante que le nombre de cas est en progression d'où le déplacement d'une équipe de spécialistes de l'Institut Pasteur d'Alger sur les lieux. Depuis deux jours, l'équipe effectue des prélèvements dans tous les coins de la région afin de définir les causes exactes de l'exacerbation de la maladie depuis le début de l'année, El Hadjira étant considérée comme zone endémique de la leishmaniose cutanée avec ses flambées cycliques, le nombre important de cas ne peut s'expliquer que par une prolifération du phlébotome, principal vecteur de la maladie. Selon le Dr Lounis, dermatologue qui s'est spécialisé en leishmaniose cutanée zoonotique du Sud, « celle-ci s'exprime par une diversité de formes lésionnelles sur les parties découvertes du corps humain, ce qui donne des difficultés de diagnostic et de raisonnement thérapeutique pour les médecins exerçant dans la région ». En effet, pour beaucoup d'habitants des zones reculées du Sud, les lésions guérissent spontanément à l'aide de remèdes naturels après 6 mois à 1 an d'évolution au prix d'une cicatrice indélébile. Mais pour l'actuelle flambée, El Hadjira bénéficiera d'une étude spécifique supervisée par l'Institut Pasteur dont les résultats seront bientôt connus. Pour rappel, les recherches précédentes effectuées dans diverses localités du Sud où le clou de Biskra (le nom local de la leishmaniose) sévit à l'état endémo-endémique ont établi plusieurs causes se conjuguant pour expliquer les vagues cycliques de leishmaniose cutanée zoonotique du Sud. Il s'agit de la mutation de la souche parasitaire qui exacerbe ainsi son pouvoir pathogène et l'explosion démographique du réservoir animal. La pluviométrie des derniers mois a stimulé l'accroissement de la végétation entraînant à son tour une augmentation de la population phlébotomienne. Zone dangereuse sur le plan sanitaire par rapport aux cas de piqûre scorpionique dues aux défaillances de l'hygiène publique, El Hadjira, à cause de l'état vétuste et délabré des habitations entourées de décombres et déchets, favorise l'existence de toutes sortes d'insectes nuisibles. L'application des mesures préventives est loin d'être effective vu le manque de moyens et surtout de coordination, notamment de l'absence d'un traitement chimique des larves au moment propice.