Les opérateurs économiques engagés dans la nouvelle dynamique d'investissement se plaignent de voir l'université algérienne continuer à fonctionner selon des schémas de formation dépassés par les événements. Ils l'ont encore une fois réitéré lors des deux journées d'étude organisées par l'université Abderahmane Mira de Béjaïa, les 10 et 11 mai, sur le sujet. La problématique, vieille d'au moins une décennie, soit depuis les premiers pas esquissés vers l'économie de marché, reste entière, à en croire le constat fait par des responsables d'entreprises aussi importantes que Cevital, Saïdal et autres EPB (Entreprise portuaire de Béjaïa). Tous mettront en avant les difficultés de puiser directement dans les contingents de diplômés issus des cursus de formation nationaux pour construire des staffs ou simplement injecter du personnel performant dans leurs rangs. M. Aoun, PDG du groupe Saïdal, avouera ainsi être déçu par des expériences de recrutement tentées avec des éléments fournis par l'université. Idem pour M. Rebrab, patron de Cevital, dont l'exposé a une nouvelle fois révélé la courbe ascendante de son investissement implanté à Béjaïa depuis 1998. Le talon d'Achille selon le conférencier, qui insiste pour dire que son entreprise doit son succès « au choix des hommes et des femmes », reste donc la gestion et la capitalisation de la ressource humaine. « Nous avons été contraints d'aller chercher un responsable pour ce département ailleurs, après des tentatives infructueuses menées dans le pays pour avoir un profil qui puisse répondre à nos attentes. Nous continuons à chercher pratiquement à la loupe un responsable pour le marketing. » former en fonction des besoins Cevital, dont le responsable s'enorgueillit d'avoir crée 2356 emplois directs, informe avoir fait l'effort de former les éléments recrutés via des stages de formation à l'étranger ; une démarche qui semble porter ses fruits puisque l'entreprise est désormais sollicitée, par certains pays africains notamment, pour exporter son savoir-faire. Issad Rebrab promet de financer des études et recherches à l'université pourvu qu'elles se consacrent à trouver des réponses concrètes et fonctionnelles à des difficultés techniques que pourrait leur confier les entreprises économiques de la région. Le constat fait par les dirigeants d'entreprise est partagé par les universitaires, du moins quelques uns. Le professeur Chitour, directeur de laboratoire à l'Ecole nationale polytechnique, a ainsi estimé qu'il s'agit désormais d'aller vers plus d'autonomie à l'université, voire favoriser l'émergence d'une mercuriale de compétences de formations identifiant chaque établissement universitaire. L'université devrait former selon les besoins et les exigences de son environnement économique immédiat, a-t-il par ailleurs soutenu, en proposant d'intégrer des dirigeants d'entreprise dans les conseils d'administration des facultés et des responsables de l'administration universitaire dans les organes dirigeants des entreprises. Le recteur de l'université de Béjaïa trouvera quant à lui que l'introduction du système LMD (licence, magistère, doctorat), en application dans la faculté depuis deux années, est à même de favoriser la nouvelle conception axée sur la performance même si des résistances continuent à se faire jour. Enfin, il y a lieu de noter que des conventions de partenariat entre l'université et les représentants des entreprises ont été signées et devraient formaliser les échanges entre les deux parties et profiter concrètement aux étudiants dans le cadre des stages de formation.