Le ministre de l'Enseignement supérieur, Rachid Harraoubia, est catégorique. La grève que prévoit le Cnes n'a pas lieu d'être. Lors d'un point de presse qu'il a animé à l'issue des deux journées d'étude, organisées depuis avant-hier à l'Ecole nationale d'administration sur la réforme de son secteur, il a affirmé que tous les problèmes que posent les enseignants sont pris en charge. Les salaires ? Le secrétaire général de l'UGTA a annoncé qu'ils seront augmentés au terme de la prochaine tripartite. Le statut de l'enseignant ? “Nous en avons un sur lequel nous sommes en train de travailler, mais qui ne verra le jour qu'une fois le statut général de la Fonction publique adopté”. Le logement ? C'est une question très sensible, dira le ministre qui ajoutera que “beaucoup de gens ne payent pas le loyer”. Et malgré cela, le ministère de l'Habitat a saisi les organismes gestionnaires de ne pas engager des poursuites judiciaires contre les mauvais payeurs. “Nous sommes le seul département qui, en dépit des lois en vigueur sur l'accès au logement social, fait régulièrement des prélèvements sur cette catégorie d'habitation pour les octroyer aux enseignants qui pourtant ont des salaires dépassant de loin la fourchette exigée”, précise le ministre en insistant, au passage, même s'il récuse la légalité de la grève du Cnes, “sur sa disponibilité pour le dialogue avec les collègues”. Mais une chose est sûre, martèlera Rachid Harraoubia, “il n'y aura plus de promotion à l'ancienneté”. Il y a des enseignants qui n'ont pas évolué depuis 25 ans, indiquera, par ailleurs, le ministre avant de lancer qu'“il ne voudrait plus qu'un ingénieur en forme un autre”. Etant l'une des préoccupations majeures de la réforme engagée par le département de l'Enseignement supérieur, la formation d'un encadrement de niveau a déjà fait son petit bonhomme de chemin. Selon Rachid Harraoubia, des enseignants du supérieur, il n'en reste que 800 qui n'ont pas encore passé leur magistère. 520 bourses à l'étranger sont débloquées chaque année au profit des maîtres-assistants, soulignera le conférencier qui annoncera que d'ici à 2009, 25 000 enseignants supplémentaires viendront assurer l'encadrement de nos universités dont les capacités d'accueil atteindront, à la même échéance, 1 500 000 étudiants. Estimant, en effet, que sur le plan infrastructurel, “le problème est définitivement réglé”, le ministre affirme que toutes les conditions sont, en fait, réunies pour que la réforme engagée dans le secteur soit réussie. Il s'agit, dira-t-il, de mettre notre université au diapason de l'évolution mondiale et de la mondialisation qui place les ressources humaines au centre de la machine socioéconomique. Le système LMD, qui sera élargi à l'entame de la rentrée prochaine à 41 établissements et sur lequel se sont articulés les débats organisés par le ministère de l'Enseignement supérieur à l'Ecole nationale d'administration, semble être l'élément principal de cette nouvelle orientation de l'Université algérienne qui se doit de sortir de son ghetto. “La mise en place de cette réforme vise à répondre à une préoccupation socioéconomique”, soulignera, à ce sujet, Rachid Harraoubia qui déclarera que le travail juridique est déjà entamé pour établir et définir les passerelles entre les universités et les opérateurs économiques qu'ils soient privés ou publics. Et pour montrer toute la rigueur avec laquelle sont menées les réformes, le ministre n'a pas hésité à sommer les chefs d'établissement et les enseignants d'organiser les examens, de les corriger et de publier les notes avant la fin de l'année scolaire, sinon, il n'y aura pas de vacances. S. Rabia