De sources crédibles, trois mandats de dépôt ont été ordonnés par le procureur de la République près le tribunal de Blida contre l'ex-receveur mis sous contrôle judiciaire et trois mandats d'arrêt lancés, alors que la liste reste ouverte. Tel est l'aboutissement de toute une journée d'auditions pour l'affaire du Centre hospitalo-universitaire (CHU) Frantz Fanon de Blida. Un nom qui n'aurait pas dû être cité en justice. Huit personnes, dont Toumi Mahieddine, ex-directeur du Chu Frantz Fanon de Blida, aujourd'hui emprisonné, étaient en garde à vue dans la nuit de samedi à dimanche, avant d'être présentées devant le juge d'instruction. Ceci en même temps que plus de trente fournisseurs, dont la majorité étaient liées par des liens de sang avec le fameux Boukrid Djamel, toujours en fuite. La brigade de recherche du groupement de gendarmerie de Blida, dirigée par le capitaine Bacha Tarek, a pu ficeler, en trois mois, le dossier, impliquant l'ancien staff dirigeant du Chu, où le receveur, le directeur financier, le directeur des moyens matériels, le responsable du magasin central et deux économes étaient, à des degrés divers, poursuivis pour relations commerciales douteuses, transactions et pratiques en opposition avec le décret exécutif 87/98 du 7 mars 1998 relatif aux marchés publics et également avec le décret relatif aux logements de fonction. 47 milliards de centimes est le montant initial des marchandises, tels les lits métalliques, les vêtements pour malades et les employés, les couvertures et les draps, la réparation des équipements et la fourniture des pièces détachées, la réparation des logements d'astreinte et autres actes pour lesquels l'actuel directeur général, Benrabah Zebbar, s'est vu contraint de déposer plainte. Il ressort de l'enquête menée tambour battant que l'ex-directeur général entretenait une étroite relation avec M. Boukrid qui possédait près de dix registres de commerce, dont quatre sans domiciliation fixe et identifiés au nom de proches. L'hôpital Frantz Fanon, les cliniques Ben Boulaïd et M'hammed Yazid ainsi que la clinique dentaire de Zabana ont une capacité totale de 1 644 lits, alors que la commande globale étalée sur quatre années (de 1999 à 2003) faisait état d'un achat de 3 439 lits pour une somme totale de près de 10 milliards de centimes. Un autre délit concerne un équipement qui fait partie de la fourniture médicale et qui ne devait, en aucun cas, être acheté dans une quincaillerie. Sept milliards de centimes pour des vêtements et de la literie payés avec des factures sans TVA et qui sont restées, au moment du changement à la tête du Chu, des factures impayées. Par ailleurs, la réfection des villas d'astreinte habitées par des professeurs et des cadres du Chu se voyaient allouer des enveloppes approchant ou dépassant les 400 millions de centimes. La villa du directeur général avait bénéficié de 446 millions de centimes pour réfection en l'an 2000. Deux villas, où résident des professeurs, se sont vu allouer, à deux reprises, un total de 910 millions de centimes. De quoi donner le tournis. Et la liste n'est pas close pour un Chu où travaillent près de 3 000 personnes, entre personnel médical, paramédical, d'administration et technique. Le plan de redressement opéré par l'actuel directeur général, M. Zebbar, qui se trouve également être président du Syndicat des gestionnaires de la santé, compte, parmi les points importants, l'expulsion des logements d'astreinte de pas moins de dix personnes, dont deux sont actuellement entendues par la justice. L'affaire suivant son cours au niveau de la justice, l'élément commun et revenant sans cesse demeure le sieur Djamel Boukrid, qui aurait bénéficié d'énormes avantages et passe-droits, jusqu'à accaparer tous les marchés du Chu Frantz Fanon, quasiment tous les marchés de certaines communes de la wilaya de Blida, avec le dernier scandale en date relatif aux factures d'effets vestimentaires dans le cadre de la solidarité avec l'enfance déshéritée. Cette même personne avait été emprisonnée pour la fameuse affaire des climatiseurs Haier, où l'entreprise s'était constituée partie civile. A l'époque, le règlement de 838 climatiseurs - sur les 1276 supposés livrés - avait nécessité une dépense de près de quatorze milliards de centimes, soit un surcoût de quatre milliards de centimes. Boukrid avait été jugé et emprisonné, puis, comme par enchantement, bénéficie d'une remise de peine et est libéré. Fait très grave, cette personne reprendra de plus belle ses activités, raflant tous les marchés de gré à gré et s'alliant au wali et à son fils. On apprendra, tard dans la journée d'hier, que la villa achetée au wali à El Mouradia, d'une superficie de 400 m2 bâtis sur un total de 523 m2, a été estimée à treize millions de dinars.