Depuis deux décennies déjà, les demandes d'adoption des enfants orphelins ou abandonnés, exprimées par des couples de plus en plus nombreux, prennent les aspects d'un véritable phénomène de solidarité sociale. A la Direction de l'action sociale de la wilaya de Constantine (DAS), on ne cache pas une nette satisfaction quant à l'évolution d'un fait qualifié jadis de tabou, mais qui exprime un profond sentiment de solidarité. « Cependant, pour les couples demandeurs de la kafala qu'ils soient déjà parents ou non, le parcours est assez long pour pouvoir jouir, un jour, d'un sentiment paternel ou maternel tant recherché », apprend-on à la DAS. Comme premières formalités d'usage, imposées il faut le dire par la réglementation, le couple « candidat » devra faire l'objet d'une rigoureuse enquête sociale en sus d'un dossier administratif à constituer. « On s'intéresse le plus aux conditions économiques du couple qui devra avoir un revenu acceptable pour être capable d'accueillir et de l'élever dans un milieu harmonieux. » Si l'âge avancé des couples est l'une des causes de rejet des demandes d'adoption, cette dernière ne peut en aucun cas être accordée si la fonction maternelle ne peut être assurée. « Nous prenons tout notre temps durant l'enquête sociale et nous avons même le droit de visiter le domicile du couple demandeur pour nous enquérir de leur milieu et de leurs conditions de vie. Au moindre doute, nous avons le pouvoir d'émettre un avis défavorable », nous explique Boumenkar Abdelmadjid, directeur de l'action sociale de la wilaya de Constantine. C'est dire à quel point la mission de confier un enfant orphelin ou abandonné à une famille est une tâche assez délicate. A Constantine, les centres des pupilles de l'Etat et les lieux de transit hébergeant des enfants âgés de moins de six ans - abandonnés définitivement ou placés par décision de justice suite à un litige de la maman avec le présumé père, ou par un couple en situation de divorce et même les centres d'accueil pour garçons et filles âgés de plus de six ans, sis respectivement dans la cité Ziadia et le quartier Chalet des pins - reçoivent quotidiennement les visites des couples venant même des wilayas limitrophes dans l'espoir de pouvoir adopter un enfant. Sur le chiffre de 300 demandes d'adoption exprimées en moyenne annuellement à la DAS de Constantine, 80 à 100 cas aboutissent. « La famille adoptive a eu toujours le choix libre du sexe et de l'âge de l'enfant et pourra même le restituer s'il s'avère être handicapé. » Il faudra tout de même noter que l'amélioration notable des conditions de vie dans les pouponnières et les orphelinats a beaucoup encouragé les gens à adopter, alors que la réglementation s'est nettement assouplie en matière de procédures légales et administratives, notamment en matière d'attribution et de changement de nom des enfants adoptés. Alors que les statistiques de la DAS donnent un penchant chez les familles pour l'adoption des filles aux dépens des garçons, beaucoup reste à faire du côté des associations à caractère social et humanitaire pour une meilleure vulgarisation de la question, même si les structures de l'Etat peuvent encourager énormément les familles adoptives pour prévenir les jeunes générations d'un danger de dérapage certain.