Le magistrat instructeur du tribunal de Koléa a décidé du mandat de dépôt à l'encontre de Mohamed B. (26 ans), Aïssa A. (21 ans) et Chérif A. (24 ans), tandis que deux autres éléments de ce réseau maffieux ont pris la fuite, il s'agit de Bekacem A. (47 ans) et El Hamel T., le soi-disant guérisseur, natif de Aïn Guezzam (Tamanrasset) ,El Hamel T., l'exorciste qu'on appelait cheïkh Abou Bakr. Ils faisaient croire aux victimes que l'exorciste venait directement de La Mecque. Cette escroquerie a duré, selon nos interlocuteurs,18 mois. La famille Aouali était connue des citoyens de Fouka, car elle vivait dans des conditions pas du tout aisées. Leur fortune a pris des proportions importantes depuis peu. Cette famille quelconque a trouvé le filon et s'est organisée pour bien gérer l'escroquerie, d'autant que les proies faciles sont légion dans la wilaya de Tipaza. Chérif A. arrive toujours à convaincre les personnes en difficulté sociale. Leurs faiblesses les rendent vulnérables. Les éléments de ce réseau ciblent les victimes après les avoir repérées. Ces dernières sont abordées et tombent dans les « griffes » de Hadj ettaleb. Les « proies » aspirent à vivre le reste de leur vie à l'abri du besoin, mais tentées de surcroît de récupérer des milliards après avoir investi leurs biens. Facilement, elles sont entraînées dans l'engrenage de l'exorcisme, de la sorcellerie et du charlatanisme. Ils découvrent l'escroquerie, une fois que ces gens « se réveillent » et réalisent qu'ils ont dépensé des centaines de millons de centimes pour ne brasser que du vent et accumuler les malheurs. Depuis Fouka, ce réseau disposait des relais à Alger pour ce qui concerne l'herboriste et Bou Ismaïl pour des séances complémentaires de sorcellerie. Néanmoins, selon les déclarations de certaines victimes, l'exorciste venu de Tamanrasset et assisté des membres de la famille Aouali, n'accepte jamais le règlement par chèque. Tous les paiements des herbes (ndlr médicaments) et des séances d'ensorcellement doivent s'effectuer en espèces, pourtant il s'agit de sommes très importantes. Cet argent avait permis aux escrocs de faire des investissement, pour le blanchir. On peut citer deux victimes qui ont osé dénoncer l'escroquerie. Mohamed M. (47 ans), un commerçant de Staouéli a été délesté d'une somme de1,8 milliard de centimes, pour un traitement qui a duré un peu plus d'une année, alors que Kouider Benaïdja (fellah), âgé de 48 ans, a « payé » 260 millions de centimes pour un traitement de courte durée. Ce dernier a insisté pour que son nom soit cité entièrement. Selon nos deux interlocuteurs qui ont été entendus par les éléments de la sûreté nationale, il y a eu d'autres victimes qui se sont manifestées, comme ce citoyen de Chéraga qui a perdu 2,211 milliards de centimes et celui de Koléa pour la « modique » somme de 200 millions de centimes. Cette affaire d'escroquerie est actuellement traitée par le tribunal de Koléa. Les victimes espèrent récupérer leur argent. L'exorciste utilisait le Coran devant ses victimes qui entraient en transe. L'homme noir enveloppé d'un tissu blanc promettait paradis et fortune pour les ignorants, qui s'agenouillaient devant les tortues et les liasses de billets de 1000 DA, dans une chambre sombre envahie par la fumée. Ces mêmes victimes pleurent actuellement alors que le sorcier « pieux », qui leur soutirait des centaines de millions de centimes, a disparu dans la nature avec l'un de ses complices. Les services de sécurité sont à leur recherche.