Le président de la République Abdelaziz Bouteflika a inauguré, jeudi dernier, la 38e édition de la Foire internationale d'Alger (FIA) qui se tient du 1er au 9 juin à la Safex. Au deuxième jour de l'événement économique le plus important du pays, toutes les portes d'accès ont été fermées. Une foule nombreuse composée essentiellement de jeunes s'est agglutinée autour du Palais des expositions aux Pins Maritimes attendant de pouvoir entrer au temple des affaires qui, le temps de cette journée, s'est transformé en forteresse où seuls quelques privilégiés étaient autorisés à accéder. Attendu à 13h, le chef de l'Etat n'est arrivé finalement que vers 15h. Accompagné de nombreux conseillers et de l'équipe gouvernementale au grand complet, le Président a entamé son marathon par le pavillon suisse où il a eu droit à un présent symbolique de la part d'un fabricant d'horlogerie de luxe. Le premier magistrat du pays sera gratifié d'une montre que ses initiateurs ont appelée la Colombe de Genève. Ainsi, à défaut d'avoir obtenu le prestigieux prix Nobel de la paix, le chef de l'Etat pourra se contenter de ce joyau rare qui, paraît-il, n'est porté que par les grands de ce monde dont l'ancien Président américain Bill Clinton et l'actuel Président suisse. Seuls 192 exemplaires en ont été confectionnés soit l'équivalent du nombre de pays membres de l'Organisation des Nations unies (ONU). Abdelaziz Bouteflika s'est beaucoup attardé dans le pavillon du voisin marocain avec lequel la polémique sur la question du Sahara-Occidental a ressurgi ces derniers temps. Le Maroc a renoué avec la FIA cette année après l'avoir longtemps boycottée. Malgré les incidents de ces derniers jours où les deux diplomaties se sont échangé des communiqués aigres-doux, l'ambiance était détendue au pavillon H. L'économique l'aura emporté sur le politique, du moins pendant cette foire. Le Président s'est même permis de plaisanter avec l'un des exposants du royaume chérifien qui lui a dévoilé un projet dans une ville frontalière avec l'Algérie du nom de Saïdaia où un complexe touristique sera édifié. « Il y aura beaucoup d'Algériens », assurera le chef de l'Etat. « Inchallah », répondra son vis-à-vis dans une ambiance d'hilarité générale. La visite dans le pavillon marocain se termine par une photo souvenir. Mais contrairement aux autres éditions où le Président s'est retenu de faire des déclarations fracassantes. Il convient tout de même de signaler que le travail des journalistes n'a nullement été facilité. Il était difficile d'entendre les propos du chef de l'Etat. En approchant celui-ci, on s'exposerait au risque d'être violemment bousculé par ses gardes du corps qui ne faisaient pas de quartier. Les représentants des organes de presse étaient réduits à suivre un baffle qui s'éteignait quand c'était le Président qui prenait la parole. Le ministre des Ressources en eau Abdelmalek Sellal, mâchouillant un chewing-gum, toujours égal à lui-même, et avec ses notes humoristiques, n'a pas failli à la tradition. La FIA est sans aucun doute la meilleure vitrine sur une économie algérienne en transition. Des entreprises étrangères (plus de 1000) dont la plupart sont en quête de partenariat, 42 pays représentés, plus de 300 entreprises issues du secteur privé ou qui activent en partenariat avec des entreprises algériennes contre une centaine d'entreprises publiques, elles aussi en quête de partenariat. Des chiffres qui renseignent sur la physionomie de l'économie nationale. C'est la foire !