« Jamais auparavant nous n'avons proposé des séjours en Tunisie à ces tarifs-là », révèle le gérant d'une agence de voyages. « 2000 DA par jour dans un cinq étoiles, c'est pratiquement donné, et avec cela nous prenons une marge appréciable », précise-t-il, en ajoutant que la seule entrave au « low cost » reste le tarif prohibitif du billet d'avion qui avoisine les deux millions de centimes pour les deux compagnies qui assurent la liaison Alger-Tunis, que sont Air Algérie et Tunisair. « Nos prix séduisent essentiellement les jeunes couples mariés ou en voyage de noces et même les plus jeunes qui se voient récompensés d'une semaine pas chère en Tunisie après un succès au bac ou à l'université. Il est rare d'avoir des réservations groupées ou des familles nombreuses, c'est par groupes de deux ou de trois que nos clients voyagent. Les personnes d'un certain âge ou les familles nombreuses préfèrent louer une maison en bord de mer », conclut-il. A la question de savoir si les appels au boycott lancés après les graves incidents survenus à Sfax ont-ils été suivis ? le voyagiste répondra qu'il y a eu beaucoup d'habitués qui se sont abstenus de se rendre en Tunisie et ont préféré des destinations comme la Grèce - Jeux olympiques obligent - ou Cuba, mais globalement avec la hausse de la demande du produit touristique il y aura à peu près le même nombre d'Algériens en Tunisie cette année par rapport à l'année dernière. Un avis que ne partage pas Zeid Ben Hassen, représentant à Alger de l'Office du tourisme tunisien (ONTT). Selon ses estimations, il y aura une augmentation des nuitées pour les Algériens de l'ordre de 20% cette année. « Le tourisme en Tunisie va mieux cette année, une reprise se fait sentir à cause de la baisse des tensions et des pressions terroristes, cela profitera aux Algériens qui obtiennent depuis peu des quotas hôteliers », souligne-t-il. Mais pour mieux décortiquer la nature du touriste algérien, Zeid Ben Hassen explique que « la clientèle issue de ce pays est individuelle et prend des décisions tardives. L'Algérien laissera volontiers passer le mariage du petit frère et le baccalauréat de la fille pour décider d'aller en vacances. Cela implique qu'en décidant en juillet de partir en voyage, il paiera plein tarif l'hôtel en Tunisie. Pis, il risque de ne pas trouver de chambres libres et ne sera probablement pas satisfait de son séjour. » C'est par cette démarche que M. Ben Hassen explique l'individualisme du client algérien. Selon lui, 810 000 Algériens ont passé la frontière, ce qui fait d'eux les troisièmes visiteurs après les Français et les Libyens. Dans le volume des nuitées, par contre, ils ne sont classés qu'à la 20e place avec 500 000 nuitées. Ce chiffre est en constante augmentation depuis deux ans, il atteindra les 600 000 nuitées cette année. La croissance des échanges touristiques serait due à l'augmentation du niveau de vie qui influe sur le besoin de repos et de quiétude. Seule ombre au tableau pour le représentant de l'ONTT le degrés limité de professionnalisme des voyagistes algériens et la quasi-inexistence de charters et de compagnies low cost liant nos deux pays. Pour ce qui est des incidents de Sfax, Zeid Ben Hassen estime que les relations entre l'Algérie et la Tunisie ne pourraient être compromises à cause d'un match de football, même s'il est déplorable que les choses aient débordé de la sorte. « Ce qui est certain, c'est que les touristes algériens sont de loin les plus disciplinés, les plus gentils de l'avis des hôteliers tunisiens », conclut-il.