Faute de tourisme réceptif, les agences prônent un tourisme national mais qui se heurte visiblement à d'énormes problèmes. L'Association des agences de voyages et de tourisme de l'Ouest, affiliée à la Fédération nationale, a tenu une assemblée générale quelques jours avant d'accueillir leurs homologues tunisiens. C'est en fait le réquisitoire dressé contre les compagnies aériennes, notamment Air Algérie, qui retiendra le plus l'attention. En parlant du produit omra, sur lequel les agences se rabattent faute d'un véritable tourisme et de “produits touristiques attractifs”, les participants ont dénoncé la “politique” d'Air Algérie sur ce qu'ils appellent le bloc siège. “Nous devons payer 50% du prix des places 1 mois avant le départ et la totalité 3 semaines avant… Et si vous avez des annulations de vos clients, on ne vous rembourse pas les places !”, déclare en chœur la majorité des participants. Là encore, Air Algérie sera décriée pour ses tarifs omra. Le tarif pour le vol régulier est de 31 000 DA, en période omra, il passe à 51 000 DA et c'est un charter déguisé, nous expliquera-t-on encore. Pour ce qui est de l'organisation du hadj, les agences de voyages interpellent le ministre des Affaires religieuses qui ne leur a pas donné cette année de quota, en dépit des cahiers des charges dûment établis. Elles espèrent, pour 2004, une autre attitude. La question des tarifs est encore revenue pour ce qui est des lignes intérieures, notamment vers le Sud algérien. À ce niveau, les hôteliers sont également critiqués. “Lorsque nous proposons des circuits à des hôteliers dans le Sud et ailleurs, ils refusent de pratiquer des réductions et ce, même si l'hôtel est vide…”, dira un intervenant. Et de poursuivre : “C'est aberrant ! Comment voulez-vous que les Algériens eux-mêmes puissent faire du tourisme dans leur propre pays ? La billetterie est très chère, les séjours en hôtel également, ce n'est pas possible !” Face à l'impossibilité d'avoir un tourisme réceptif, les agences prônent un tourisme national, mais qui se heurte visiblement à d'énormes problèmes : tarifs, formation, artisanat, etc. À ce stade des débats, l'exemple tunisien ne cessera pas d'être cité. Ainsi, les agences de voyages tunisiennes, que ce soit pour les charters ou la omra, bénéficient de réductions et de facilités de paiement qui sont couramment pratiquées par leur compagnie aérienne. Même politique de la part des chaînes hôtelières tunisiennes. “Dans un 3 ou 4 étoiles en Tunisie, on vous propose entre 3 000 et 5 000 DA la journée en demi-pension, ici en Algérie, avec pratiquement la même prestation, cela vous revient à 7 000 DA !”, affirme un directeur d'agence qui est en activité depuis deux ans seulement. Pour revenir aux Tunisiens, certains intervenants ont eu la candeur de penser que leur visite en Algérie aurait pu être une occasion de lancer en partenariat des “produits maghrébins”. Or, il est clair que depuis le 11 septembre et l'attentat de Djerba, la Tunisie a vu le nombre de ses touristes étrangers baisser de plus de 60%. Leur tournée, ces derniers jours, en Algérie ne s'inscrit que dans ce cadre : trouver en Algérie un vivier de touristes pour compenser la baisse fulgurante de leur chiffre d'affaires. Beaucoup reste à faire pour ces agences qui, loin s'en faut, ne sont pas seulement des victimes. F. B.