L'Algérie s'installe dans l'incertitude, l'opacité et la répression. Alors que les grandes inquiétudes ne cessent de croître face à l'aggravation du chômage, du marasme social et de la corruption, la société se voit écartée de plus en plus des décisions qui engagent l'avenir du pays et neutralisée au moyen de méthodes répressives inspirées des grands régimes totalitaires. L'expression populaire est étouffée sauvagement au profit de l'émergence d'un pouvoir autoritaire qui n'admet aucun contre-pouvoir ni contradiction : La presse libre est victime d'un harcèlement jamais atteint depuis 15 ans. Aujourd'hui, elle est menacée dans son existence même, des journalistes, parmi lesquels Mohamed Benchicou, dont le journal (Le Matin) a été contraint à la suspension, sont jetés en prison pour avoir révélé des scandales, alors que d'autres risquent de connaître le même sort, le pluralisme syndical arraché de haute lutte par les travailleurs algériens est remis en question, les syndicalistes sont l'objet de poursuites judiciaires, l'opposition politique est muselée, interdite d'accès aux médias publics fermés d'ailleurs à tout débat citoyen et contradictoire, aucune manifestation publique n'est tolérée, les tribunaux sont devenus des lieux de répression des libertés et les administrations publiques un instrument participant à l'intimidation des citoyens. Ce totalitarisme, qui ne dit pas son nom, forgé aux dépens des libertés essentielles, inhibe la société algérienne, bloque la création et les réformes, favorise la corruption, accélère la fuite des cerveaux, mine les fondements de la République, détruit la confiance dans l'Etat et dans l'avenir, fragilise la Nation et devient, pour finir, source principale d'instabilité. Nous citoyens algériens, signataires de l'Appel du 14 juin, journée nationale des Libertés, décidons de briser le silence devant ces graves dérives et devant le déclin national qui se profile (...) Nous appelons le président de la République, Gardien des Droits et des Libertés constitutionnellement garantis, à la cessation immédiate de la répression qui frappe les citoyens, les journalistes, les syndicalistes et les militants des droits de l'Homme. Nous appelons le président de la République à libérer le directeur du Matin, Mohamed Benchicou, ainsi que les citoyens détenus arbitrairement. Nous appelons le président de la République et toutes les institutions au respect des libertés. Toutes les libertés(...) Le comité Benchicou pour les Libertés Vous pouvez envoyer vos signatures au numéro de fax suivant : 021 65 68 62