L'association des Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons, la Ligue des droits de l'homme, la Ligue de l'enseignement, le MRAP, l'institut Charles-André Julien, le Collectif des historiens contre la loi du 23 février 2005 organisent une conférence de presse, vendredi 17 juin, pour dénoncer les commémorations qui « s'inscrivent dans le négationnisme des crimes coloniaux encouragé par la loi du 23 février 2005 ». Un monument à la gloire des « fusillés de l'OAS » sera inauguré dans la commune de Marignane, le 6 juillet. La date a été choisie en hommage à Roger Degueldre, chef des commandos Delta de l'OAS à Alger (condamné à mort, il a été exécuté le 6 juillet 1962). Les initiateurs de la conférence de presse précisent que parmi les victimes de ces commandos Delta figurent le commissaire central d'Alger, Roger Gavoury, assassiné le 31 mai 1961 par un commando dont faisaient partie Albert Dovecar et Claude Piegts ; le 15 mars 1962, les six enseignants - trois Algériens et trois Français (dont Max Marchand et Mouloud Feraoun) - dirigeants des Centres sociaux éducatifs créés par la résistante Germaine Tillion ; dans la seule première semaine de mai 1962 à Alger, les 250 Algériens assassinés par l'OAS, dont les ouvriers du port, victimes d'une voiture piégée et les femmes de ménage tuées en se rendant à leur travail dans les quartiers européens. Ils indiquent que « dans le sud de la France en particulier, s'affichent, de plus en plus ostensiblement, des stèles et plaques de rue portant les noms de tueurs de l'OAS, érigés en héros et victimes ». « Outre Degueldre, Dovecar et Piegts, le monument de Marignane prétend aussi présenter comme un héros Bastien-Thiry, celui qui a tenté d'assassiner le président de la République au Petit-Clamart, en août 1962. » Ajoutant : « Il s'agit là d'une forme déguisée de réhabilitation, voire d'une sorte de repentance subrepticement imposée à la nation. » Les organisations et institutions citées ci-dessus soulignent que « la mémoire des nombreuses victimes civiles algériennes et françaises doit être défendue, notamment des fonctionnaires de l'éducation, de la police nationale, magistrats, gendarmes et autres militaires français assassinés par l'OAS au seul motif de leur attachement à la République, menacée alors par ces partisans d'un jusqu'au-boutisme colonial. Les victimes de l'OAS en France même, telle la petite Delphine Renard en février 1962, ne doivent pas non plus être oubliées ». « Il est nécessaire au contraire de rendre hommage à ceux qui promouvaient pendant le drame algérien les valeurs républicaines et les droits de l'homme. Il est important que l'opinion soit informée de crimes qui risquent de tomber dans l'oubli. » Dans un entretien à Libération, Claude Liauzu indique que « certaines associations et en particulier l'Association pour la défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus et exilés politiques de l'Algérie française (Adimad) sont à l'origine de la création de tous les lieux de mémoire à la gloire de l'OAS. Et leur lobbying doit être efficace puisque ces monuments se sont multipliés, comme à Toulon, Nice, Théoule-sur-Mer, Perpignan.