La journée nationale commémorative à la mémoire des condamnés à mort, guillotinés par la France durant la guerre de Libération nationale, a tourné principalement autour de la récente mesure prise par l'Etat français, visant à réhabiliter les harkis. « Nous rappelons à la France qui vient de réhabiliter ses criminels et déclarer l'occupation coloniale comme une œuvre de civilisation, que l'ampleur des crimes commis à l'encontre du peuple algérien, depuis 1830, seront toujours là pour empêcher de falsifier l'histoire », estime l'Association nationale des anciens condamnés à mort 1954-1962. « Il s'agit, certes, d'une affaire franco-française, mais que ses retombées ne débordent pas chez nous », nous a déclaré le responsable de l'association chargé de l'organique. Et d'ajouter : « Nous continuerons à glorifier la mémoire de nos héros et à faire connaître au peuple français la longue liste des criminels qui ont commis, en son nom, des centaines de crimes contre l'humanité, que l'histoire fera toujours peser sur sa conscience. » Rappelant que 202 moudjahidine furent happés par la guillotine, l'association insiste par ailleurs sur le « véritable » nombre de chouhada. « Six millions d'Algériens sont morts pour leur pays si l'on ajoute ceux qui ont pris part aux soulèvements de l'Emir Abdelkader, de cheikh Bouaâmama, d'El Mokrani ou de Fadhma n'Soumer », rappelle l'association, ajoutant que les « harkis comme certains pieds-noirs ne seront jamais les bienvenus en Algérie ». Les anciens pensionnaires du couloir de la mort soulignent toutefois que le processus du Traité d'amitié algéro-français, que d'aucuns d'ailleurs considèrent déjà comme « mort-né », devra aboutir. Commémorée hier, cette journée a vu la participation de Djamal Ould Abbas et de Saïd Barkat, représentant le gouvernement, Me Ali Haroun, ancien responsable de la Fédération de France et ex-membre du Haut-Comité d'Etat, du colonel Tahar Zbiri ainsi que Me Jacques Defilice, avocat français ayant plaidé la cause du FLN en défendant plusieurs condamnés à mort. Ami de l'Algérie, Me Defilice n'a pas manqué de rappeler son respect voué à ceux qui allaient rejoindre le couloir de la mort. « Lorsque le fatal verdict tombait, mon moral prenait un sacré coup. Et ce qui m'impressionnait, c'était l'attitude courageuse de mes clients. C'étaient eux qui me remontaient le moral », se souvient-il.