La commémoration de cette journée ne sera pas forcément le 19 juin. Une semaine après avoir sollicité le gouvernement, les responsables de l'Association nationale des anciens condamnés à mort obtiennent une réponse du ministre des Moudjahidine, Mohamed Chérif Abbas quant à la demande d'instaurer le 19 juin journée nationale des condamnés à mort. «La demande relative à la commémoration des journées des chouhada guillotinés par le colonialisme français sera étudiée», a déclaré le ministre lors d'une visite qui l'a mené dimanche à la capitale des Hauts-Plateaux. En termes plus clairs, M.Chérif Abbas a indiqué que cette demande «sera étudiée au même titre que d'autres journées commémorant des événements marquants de la Révolution». Cependant, le ministre ne s'est pas arrêté là. Il ajoutera que la commémoration de cette journée «ne sera pas forcément le 19 juin». Ainsi, la demande formulée par l'Association nationale des anciens condamnés à mort ne sera pas totalement satisfaite. Ils seront nombreux à s'interroger sur le pourquoi d'une telle décision. L'appel de l'Association est fondé. C'est durant la journée du 19 juin 1956 que Ahmed Zabana a été guillotiné à la prison Serkadji (Alger). Catégorique, le ministre des Moudjahidine a précisé qu'il est exclu que cette commémoration, à l'instar des autres journées dédiées aux grands faits d'armes révolutionnaires, soit une journée «chômée et payée». Afin d'illustrer ses propos, Chérif Abbas a cité, dans ce contexte, l'exemple de la journée du 20 Août, Journée nationale du moudjahid. Cette journée, enchaînera-t-il, «célèbre tout à la fois, les offensives du Nord-Constantinois et le Congrès de la Soummam sans pour autant donner lieu à une journée chômée et payée». En 2006, rappelons-le, un appel a été lancé aux avocats pour constituer un dossier sur 360 Algériens condamnés à mort par les tribunaux militaires coloniaux. Mustapha Boudina, président de l'Association nationale des anciens condamnés à mort, avait parlé d'un recours au Tribunal pénal international (TPI), jugé légitime, en ce sens que «la France reconnaît, désormais, que ce qui s'est passé en Algérie était une guerre et non pas des événements (...)». A partir de cette reconnaissance, elle a adopté des lois au profit des harkis sans pour autant reconnaître les victimes de la Guerre d'Algérie, ajoutera M.Boudina. Selon lui, il est du devoir des Algériens de demander réparation à la France, «pour avoir guillotiné 202 Algériens condamnés à mort et fusillé le reste au terme d'une parodie de justice». C'est la première fois depuis l'Indépendance, qu'une telle demande est formulée à un niveau important.