«Cette année, on compte élargir cette commémoration à tous les condamnés à mort guillotinés par le colonialisme français à compter de 1840», a précisé Mustapha Boudina. Par devoir de mémoire, les condamnés à mort se rencontrent, ce jeudi, devant la prison Serkadji. «Il s'agit de la Journée nationale commémorative des condamnés à mort guillotinés pendant la guerre de Libération», a déclaré, hier, à L'Expression, Mustapha Boudina, président de l'Association nationale des anciens condamnés à mort. Lors de cette journée commémorative, un rassemblement des condamnés avec les moudjahidine aura lieu dans la matinée. «A 10h30, une autre rencontre avec la jeunesse aura lieu à la salle de cinéma l'Algéria», a expliqué M.Boudina. Ces rencontres se veulent une commémoration collective de tous les condamnés à mort. En termes plus clairs, notre source à précisé que «cette année, on compte élargir cette commémoration à tous les condamnés à mort guillotinés par le colonialisme français à compter de 1840». Lors de son passage au forum d'El Moudjahid, le président de l'Association nationale des anciens condamnés à mort a clamé haut et fort, que «le 19 juin doit être une Journée nationale des condamnés à mort». Interrogé dans ce cadre, M.Boudina a souligné que «cela demeure une revendication». Dans sa déclaration, il a précisé qu'un appel est lancé aux autorités afin que soit instituée cette journée nationale par un décret exécutif. Initialement prévue à Sétif, cette journée aura lieu finalement à Alger. «Elle sera célébrée avec les moyens réduits de l'association», regrette M.Boudina. L'objectif, selon l'ex-sénateur, est de transmettre le message aux nouvelles générations. Dans ce cadre, il convient de rappeler que le 19 juin 1956 a eu lieu l'exécution d'Ahmed Zabana et de Abdelkader Ferradj à la prison de Serkadji (Alger), les premiers guillotinés de la guerre de Libération. «Depuis notre congrès, en 2004, nous avons décidé de sortir de l'anonymat les condamnés à mort qui ont échappé à la guillotine», avait rappelé M.Boudina. A ce sujet, un membre de l'Association avait fait savoir qu'un annuaire regroupant les noms de tous les condamnés à mort exécutés ou épargnés, de 1840 à 1962 était en projet. «Malheureusement, ceux qui nous ont promis de nous aider n'ont pas honoré leur engagement et se sont retirés sans raison valable», avait encore déploré M.Boudina. En termes de nombres, celui des condamnés à mort ayant survécu dépasserait les 1800. En 2006, ils étaient encore environ 1000 condamnés tandis qu'aujourd'hui ce chiffre est de 700. Quant au nombre de condamnés à mort guillotinés, il est de 199 dont 68 à Alger, 58 à Constantine, 51 à Oran et 22 en France. Etant l'invité du quotidien El Moudjahid, M.Boudina s'était montré inquiet de l'attitude de la jeunesse. «C'est un désastre! Aujourd'hui, nous voyons des jeunes âgés de 20 ans se jetant à la mer pour fuir ce pays, alors que moi, lorsque j'avais le même âge, j'étais condamné à mort», avait-il rappelé.