Une équipe de biologistes et médecins français, belges et allemands vient de mettre au point un nouveau traitement expérimental « prometteur » pour les insulino-dépendants (diabète de type 1). Cette nouvelle découverte, coordonnée par le docteur Lucienne Chatenoud, responsable d'une unité de recherche sur le diabète à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), « est un formidable espoir pour les diabétiques », a déclaré l'équipe de chercheurs qui ont annoncé, dans le New England of Medecine du 23 juin, être parvenus, pour la première fois au monde, à obtenir des rémissions à long terme de cette maladie. Ces résultats ont été réalisés, ajoutent les chercheurs, après seulement six jours de traitement par injections d'anticorps spécifiques. Cet essai d'immunothérapie concernait 80 diabétiques, âgés de 12 à 39 ans, dépendant depuis peu d'un traitement à l'insuline. Après tirage au sort, la moitié d'entre eux a reçu pendant six jours une injection quotidienne d'un anticorps monoclonal anti-CD3, produit en Grande-Bretagne, et l'autre recevait un placebo. L'idée, ont expliqué les chercheurs, est de neutraliser un élément activateur (le CD3) des globules blancs (des lymphocytes T) qui s'attaquent aux cellules productrices d'insuline du pancréas (glande digestive) et les détruisent progressivement. « Chez 75% des patients traités précocement, les besoins en insuline sont nettement réduits, même après 18 mois de suivi. L'effet du traitement expérimental s'est ainsi traduit chez la plupart des patients par une réduction considérable de la dose nécessaire d'insuline injectable, en dessous du seuil généralement considéré comme une insulino-indépendance, à partir duquel on pourrait arrêter tout traitement », a indiqué le professeur Chatenoud. L'équipe de chercheurs a indiqué : « Tout laisse à penser que ce maintien de la production de l'insuline endogène (naturelle), s'il se prolonge au-delà des 18 mois actuellement étudiés, diminuera ou préviendra les complications dégénératives de la maladie qui en font encore toute la gravité (rétinopathie, insuffisance rénale, accidents vasculaires). » Selon ces chercheurs, ce modèle thérapeutique pourrait, par ailleurs, être appliqué pour d'autres maladies immunitaires comme la sclérose en plaques, le psoriasis ou les maladies inflammatoires de l'intestin. « Ces résultats ouvrent des perspectives tout à fait nouvelles sur l'immunothérapie du diabète insulino-dépendant. Ils montrent que l'on peut arrêter la progression de la maladie prise à son début. Ce qui pourrait permettre aux diabétiques de vivre avec leur propre insuline au lieu de dépendre d'injections », ont-ils ajouté. Le diabète de type 1 ou insulino-dépendant est une maladie auto-immune, c'est-à-dire que l'organisme s'attaque à certains de ses propres constituants, à savoir aux cellules fabriquant l'insuline. Sans insuline, les tissus du corps ne peuvent assimiler correctement le sucre (source d'énergie). Et ce dernier se retrouve en quantité excessive dans le sang.