Coller à la réalité d'un terrain miné par la fausse mendicité en tentant de séparer le bon grain de l'ivraie : c'est la mission à laquelle s'est attelée depuis quelques semaines une brigade pluridisciplinaire composée d'assistantes sociales, de psychologues, de sociologues et d'éducateurs spécialisés. Sous l'impulsion de la direction de l'action sociale, cette équipe s'est investie sur le terrain pour tenter de cerner le phénomène de la mendicité à constantine dont l'ampleur à l'approche de la saison estivale a incité les services sociaux et le mouvement associatif à tirer la sonnette d'alarme pour dénoncer la banalisation de ces pratiques et les dérives qui les entourent. Au terme de cinq sorties entreprises à travers les sites et les artères de la ville où ce phénomène est le plus apparent, le bilan affiché suite aux investigations des membres de cette brigade met en relief deux cas de figure laissant à penser que la mendicité est exploitée aujourd'hui par de véritables réseaux familiaux ou mafieux. En effet, les premiers éléments de cette enquête mettent en cause l'exploitation de la mendicité par des familles venues généralement des wilayas de M'sila, El Oued, Biskra et Bordj Bou Arréridj. Il a été démontré que quatre d'entre elles, installées dans de petits hôtels de la ville, s'adonnent journellement à la mendicité, selon un programme bien ficelé qui accorde à chacune d'entre elles une portion du Vieux Rocher. Leurs lieux de prédilection sont les abords des mosquées, les cimetières du centre-ville et de Aïn El Bey, la rue Abane Ramdane, les alentours de la Grande-Poste, les marchés Boumezou et Ferrando et les gares routières et ferroviaires. De leurs propres aveux, la mendicité est un filon juteux qu'ils exploitent avec femmes et enfants sans modération, sachant que la recette moyenne pour chacun d'entre eux est de 2000 DA. Un filon exploité tous azimuts, si l'on se réfère à cette étude qui fait, par ailleurs, état de personnes déposant par voiture des femmes et des enfants à différents endroits de la ville avant de les récupérer en fin de journée. Dans ce contexte et entre autres cas rapportés par les enquêteurs, les agissements d'un individu circulant à bord d'un véhicule de marque Peugeot 504 break ont été portés à l'attention de la DAS pour les suites à donner à cette nouvelle forme de business qui tombe, faut-il le rappeler, sous le coup de la loi comme le stipule noir sur blanc l'article 195 du code de procédure pénal, dans sa section 4 relative à la mendicité et au parasitisme : « est puni de l'emprisonnement de 1 à 6 mois quiconque, ayant les moyens de subsistance, se livre habituellement à la mendicité en quelque lieu que ce soit ». Par ailleurs, lors de leurs investigations, les membres de cette brigade se sont heurtés à un refus catégorique de la part de personnes sans domicile fixe et qui s'adonnent chaque jour que Dieu fait à la mendicité. Préférant un coin de rue au gîte et au couvert offerts par les foyers d'accueil pour personnes âgées et Diar Rahma, ces derniers avouent que, pour eux, la solution serait de les autoriser à faire la manche la journée et rentrer au bercail le soir. Face à un constat, qui souligne globalement les différentes facettes de ce phénomène, les parties prenantes dans ce dossier épineux ont tenu deux réunions inscrites dans le cadre d'une action de longue haleine qui devra à terme aboutir à la mise en œuvre d'une action d'éradication de la mendicité qui tient compte de tous les paramètres mis en exergue au fil de cette enquête.