Le procédé ne relève ni du mythe ni de la légende. C'est une réalité attestée par des faits qui ne souffrent d'aucune contestation. Des petits enfants, des bébés et des nourrissons servent de prétexte et d'appât par des mendiants « professionnels » pour susciter de la pitié, de la mansuétude chez les passants. L'aumône et la charité, la bonté et la générosité au service de la malhonnêteté. Puisque c'est de cela qu'il s'agit. La chose est d'autant plus plausible lorsqu'on apprend que tous ces petits sont loués. Pis. Les bébés sont les mieux cotés à l'Argus. Ils valent donc plus cher. Nous n'inventons pas la poudre en remettant sur le tapis une vieille arnaque. Ce n'est pas une découverte. Cela fait déjà bien longtemps que l'entourloupe persiste et dure. Le désir de ramasser de l'argent sans se fatiguer outre mesure réveille et met en branle de détestables comportements. Il heurte la conscience et piétine la raison. Je ne veux pas pointer un doigt accusateur, jeter l'anathème, diaboliser ou accabler quelque partie que ce soit. Mais il faut avouer que le spectacle de ces enfants allongés sur les trottoirs, vêtus de haillons, sales et décrépits, reste difficile à voir. Des bébés, livrés aux quatre vents, à la chaleur, au froid, à la pollution, dormant sur le giron d'une femme en fort mauvais état provoquent de la peine. C'est une souffrance qu'on leur inflige à longueur de journée. La misère existe. On la constate partout. La mendicité n'est pas une vue de l'esprit. Elle permet à toute une humanité de survivre péniblement dans une société qui se durcit, qui tourne le dos à certaines valeurs. N'empêche qu'il est grand temps de penser à chercher des solutions pour juguler le phénomène de la mendicité et plus particulièrement contre cette « traite » des enfants poussés à afficher leur innocence pour assouvir des instincts bassement mercantiles. Séparer le bon grain de l'ivraie est déjà un mérite énorme, car des gosses souffrent dans le silence.