La 26e session plénière du Conseil économique et social (CNES) a fait l'objet de projets de rapport élaborés par l'institution que préside désormais Mohamed Seghir Babès. Sous le thème « Eléments de débat pour un pacte de croissance », la contribution du CNES sur ce qui devait initialement être « le pacte économique et social » a plaidé l'élargissement de la concertation à toutes les forces politiques, économiques et sociales présentes sur la scène afin « de rassembler leurs énergies et leur permettre d'exprimer sans dogmatisme et de manière consensuelle leurs visions et ambitions pour l'avenir du pays ». Tout en considérant le dialogue social et la concertation avec les forces économiques et sociales « d'élément important d'une nouvelle culture économique pour la prise en charge des problèmes sociaux (...) », la recherche d'une véritable alternative de sortie de crise et la levée des multiples entraves au développement « ne peuvent s'envisager, indique le CNES, dans un cadre étroit de type “tripartite'' avec les seuls partenaires économiques et sociaux traditionnels qui sont, au demeurant, insuffisamment représentatifs de la sphère économique et sociale ». Le conseil abonde ainsi dans le sens des diverses organisations syndicales et patronales exclues du cadre « tripartite » et « bipartite » en vigueur des années durant. Le CNES pour qui « l'idée de pacte économique et social pour la croissance peut prendre forme et se développer » en son sein et ce en raison de « la diversité de sa composante », n'en considère pas moins que c'est un objectif qui se présente comme un processus menant vers un projet de société fondé sur la concertation, la modernité et de nouvelles formes de solidarité. Pour rappel, le départ de Mentouri de la tête du CNES a été expliqué, en partie, par l'idée de l'élaboration du Pacte national de croissance appelé aussi Pacte national économique et social. Cette idée avancée par Mentouri en 1996 visait, selon son concepteur, « la fédération des forces socioéconomiques afin d'aller vers une politique garantissant la stabilité et la croissance économique du pays ». Des sources proches du président sortant du conseil ont alors vite conclu que le « gouvernement ne veut pas que le CNES touche à ce sujet, mais, qu'il soit traité dans le cadre des tripartites et les bipartites ». Cela dit, la contribution du CNES, que préside désormais l'ex-conseiller du président Bouteflika aux affaires sociales, et tout en considérant la tâche rude et de longue haleine, plaide le « pari de la responsabilité et de la solidarité dans une démarche partenariale et non conflictuelle de nature à créer à aider à la construction d'un projet de société fondé sur la création et la redistribution des richesses ». La principale difficulté réside, selon le CNES, dans le changement des habitudes et des mentalités, ainsi que dans la lutte contre les forces spéculatives qui ont surgi durant la période d'ouverture du commerce extérieur et du pluralisme politique. A ce titre, des phénomènes comme le saccage du patrimoine et des ressources naturelles à travers l'accaparement du foncier industriel et agricole et l'élargissement du secteur informel relié par « une économie de bazar », sont, de l'avis des experts du CNES, autant d'entraves au développement. Plaidant pour une croissance créatrice d'emplois, d'autant que le CNES considère le taux de chômage chez les jeunes dépassant les 30%, la contribution du conseil a indiqué que « le recul de l'emploi dans le secteur public industriel et l'absence de relève par le secteur privé structuré ont favorisé le foisonnement des activités informelles ». En outre, le CNES a mis l'accent sur « les écarts entre les données globales qui font apparaître une évolution positive des indicateurs sociaux et les données régionales et catégorielles qui témoignent du cumul de nombreux retards en matière de développement humain ». A ce titre, il a révélé que 177 communes regroupant près d'un million et demi d'habitants sont classées pauvres. Mais si la liste des griefs et des retards dans le développement citée par le CNES reste encore longue, il conclura cependant que les principaux défis à relever par le pays, telles la volonté de maîtriser le devenir économique et social dans le nouveau contexte de la mondialisation, la relance d'une croissance durable, créatrice de richesses et d'emplois, ainsi qu'une meilleure répartition des richesses sont des objectifs qui transparaissent clairement à travers le programme du Président et dans l'action du... gouvernement.