Vingt ans exactement après le fameux et mythique Band Aid s'étant articulé autour de deux concerts géants à Londres et Philadelphie, en juillet 1985, à l'initiative du chanteur de l'ex-Boomtown Rats, le grand humaniste Bob Geldof, devenu Sir depuis, et ce, pour bannir la misère mortifère en Ethiopie, une série de giga-concerts similaires et foncièrement humanitaires a été organisée, hier, un marathon mondial et musical à travers une dizaine de cités, à savoir Tokyo, Londres, Berlin, Rome, Versailles (près de Paris), Philadelphie (Etats-Unis), Barrie (près de Toronto) et Moscou, ainsi qu'à Johannesburg et en Cornouailles (sud-ouest de l'Angleterre). Ce phénoménal et pluriel concert baptisé Live 8 a été, encore une fois, sous l'impulsion active de Sir Bob Geldof et Bono, le chanteur et leader du célèbre groupe irlandais de pop-rock U2, pour interpeller urbi et orbi et faire pression sur les dirigeants du G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni et Russie) devant se réunir la semaine prochaine. Cette pression aura lieu lors d'un sommet se tenant du 6 au 8 juillet 2005 en Ecosse, afin d'agir concrètement en résorbant la pauvreté dans les pays africains en leur allouant des aides substantielles et par voie de conséquences, annuler franchement leur lourde dette extérieure, et ce, par l'ensemble des grands et décideurs du monde. L'insigne honneur du coup d'envoi du Live 8 est revenu à la capitale du Japon, Tokyo, où la pop-star islandaise, Bjork, s'est distinguée. Le concert londonien, à Hyde Park, a fédéré 200 000 spectateurs, tous en chœur et cœur, avec un « casting » inespéré : Bono, Paul MacCartney, Madonna, Elton John, Coldpaly, Robbie Williams, Pink Floyd s'étant reformé pour l'occasion, Sting, les Who, REM, Mariah Carey, Annie Lennox, Dido, Stereophonics, Ms Dynamite, Keane, Travis, UB40, Razorlight, Snoop Dogg, Joss Stone, Scissor Sisters, Velvet Revolver, The Killers et Snow Patrol, pour décrier haut et fort l'indigence et la paupérisation en Afrique. Un show altruiste inaugural a été étrenné par par un duo improbable, Bono-MacCartney, ayant uni leur voix, humainement, en interprétant une nouvelle version du titre des Beatles Sgt Pepper's Lonely Heatrs Club Band sous un lâcher de colombes volant à tire d'aile. S'adressant à la foule acquise à ce formidable élan de générosité à destination de l'Afrique, Bono, ambassadeur « bénévole » pour les pays africains frappés de pauvreté, rappellera : « Ainsi, voici venu notre moment. C'est notre temps. C'est notre chance pour se tenir debout pour ce qui est juste... Nous ne demandons pas la charité, nous demandons la justice. 3000 personnes, pour la plupart des enfants, meurent chaque jour en Afrique du paludisme. Les stars ne peuvent rien changer, mais l'audience le peut... » A Paris, à la place d'Armes du château de Versailles, c'est le rappeur Passi qui a ouvert le bal philanthropique de l'escale française du Live 8 et sera suivi de Florent Pagny, Yannick Noah, la Libano-Colombienne Shakira, les groupes britanniques Muse, Placebo et The Cure et le chanteur sénégalais Youssou N'Dour. L'étape relayée par Philadelphie (USA), très chère à Sylvester Stallone, Tom Hanks et Bruce Springsteen (remember la chanson Philadelphia) a été rechaussée par la présence de stars comme Will Smith, Salma Hayek, Natalie Portman, Chris Tucker, Jennifer Connolly, Jimmy Smits et Kami comme présentateurs et d'artistes de renom tels Alicia Keys, le groupe Black Eyed Peas, Bon Jovi, Dave Matthews, Band, Def Leppard, Destiny's Child, Jay-Z, Josh Groban, Kaiser Chiefs, Keith Urban, Linkin Park, Maroon 5, P. Diddy, Rob Thomas, Sarah McLachlan, Stevie Wonder et Toby Keith. « Nous sommes unis pour une déclaration d'interdépendance. aujourd'hui, nous détenons cette vérité pour être une évidence. Nous sommes tous impliqués dans cette action humanitaire... », dira le rappeur et acteur Will Smith. Apparaissant sur la scène du Live 8 de Londres, le secrétaire général de l'Onu Kofi Annan se félicitera de la mobilisation : « Ce sont vraiment les Nations unies se rassemblant en solidarité avec les pauvres... Au nom des pauvres, des sans-voix et des faibles, je vous remercie. » De front, pour un battage médiatique pertinent et de circonstance, Sir Bob Geldof et les organisateurs du Live 8 ont consigné une lettre ouverte, hier, dans les colonnes de la presse notamment dans Times, destinée aux dirigeants du G8 où l'on y soulignait : « Pour ne pas décevoir les espoirs des pauvres... Nous réunissons pour vous le plus grand mandat de l'histoire pour agir contre la pauvreté... Nous demandons que cesse l'absurdité injuste qu'est la pauvreté extrême qui tue 50 000 personnes chaque jour au XXIe siècle... Aujourd'hui, il y aura du bruit, de la musique et de la joie, la joie née de l'abondance des potentialités. Vendredi, il y aura un grand silence alors que le monde attendra votre verdict... Ne nous décevez pas. Ne créez pas une génération de cyniques. Ne trahissez pas les désirs de milliards de personnes et les rêves des plus pauvres de notre planète. Est-ce que ces 50 000 personnes sont autorisées à vivre ou non ? » La dette extérieure publique de l'ensemble de l'Afrique est passée de 89 milliards de dollars en 1980 à 250 milliards en 2003. C'était une grand-messe planétaire à l'épreuve par... 8. Une action directe et vivante de 10 concerts, 100 artistes, plus d'un million de spectateurs, 2 milliards de téléspectateurs et un seul message : influencer ces huit hommes dans une salle pour sauver 30 000 enfants d'une morte certaine chaque jour, et ce, de l'extrême pauvreté.