Cheb Yazid, le produit d'un raï soft dont l'image a été depuis longtemps entretenue par la chaîne de télévision algérienne, a clôturé mardi la quatrième soirée du Festival du raï qui a débuté relativement tôt en comparaison avec les précédentes. Avant de faire son apparition, on a vidé toute la scène de ses musiciens pour lui permettre d'installer ses boîtes à rythme. Cet homme à tout faire sur scène (chanter, régler le rythme et tripoter les boutons de la console du système de sonorisation) a été accueilli dans une relative indifférence au tout début, sans doute parce que le temps d'installer ses synthés, il a créé un sentiment d'impatience à un public tenu en haleine, juste auparavant par cheb Amrou. N'empêche, malgré une voix monocorde et l'emprunt des mélodies connues comme celles de Zahouania, il arrivera quand même peu à peu à faire de l'ambiance avec notamment Sakna fi wahran (elle habite Oran) et Ghezali. Les derniers tubes du raï Le politiquement correct est une condition nécessaire pour passer à la télévision et représente le souci de Fouzia (accompagnée de son manager et en même temps parolier) qui espère un jour bénéficier de l'immense audience que génère le petit écran. Fouzia qui est originaire de Ghazaouet (wilaya de Tlemcen) a été révélée par Choufou sahbi, son premier album sorti il y a 2 ans. « J'ai enregistré à Nedroma chez un éditeur qui n'a pas pu suivre le succès (la cassette étant très demandée) et, à cette époque-là, je n'ai trouvé personne pour m'aider », se plaint-elle en espérant que son tout dernier tube intitulé Ma tbipiliche sahbi mayebghiche (ne me bipe pas, mon copain ne sera pas content) sera pris en charge convenablement. Elle se produit pour la première fois au Festival du raï qui peut constituer pour elle une rampe de lancement. C'est sans doute par souci de plaire qu'elle s'est particulièrement surpassée. Avant elle, les organisateurs ont fait passer Soraya Kinane qui ne chante pas le raï mais qui, aidée par son mari (Ben Ali, un musicien), sait adapter sa voix andalouse à une instrumentation moderne. Sur un tout autre registre, remarquable avec son aisance affichée sur scène, cheb Kadi est un habitué du festival (5e participation) mais aussi de la scène en général. Il a enflammé le public avec Hada houa zine (ça c'est une beauté) sur un rythme lalaoui, très prisé dans ce genre de rendez-vous. Il est notamment connu pour avoir réalisé des duos avec les chanteuses les plus en vue comme Djenet (Un amour différent) et Nadia avec laquelle il chante Ana ghadi nahbel (moi, je vais devenir fou). La chanteuse Ouarda qui lui succède ne manque pas de talent pour une fille qui n'a que 26 ans et qui interprète des textes inspirés de son propre vécu. Elle découvre pour la première fois le festival bien qu'ayant commencé à chanter à l'âge de 18 ans. Elle s'est éclipsée durant 5 ans, une période où elle était mariée. Elle n'a commencé à enregistrer qu'il y a 3 ans. Décidit nefriha mâak une fois pour toutes (j'ai décidé de régler mes comptes avec toi une fois pour toutes) est sa toute première chanson enregistrée et annonce son retour sur scène après la perte de son mari. « C'est l'une de mes chansons que j'aime le plus », atteste-t-elle en marge de son passage sur scène où elle a fait découvrir au public d'autres de ces titres à l'exemple de Dabbar rassek (débrouille-toi) ou Chayfa frança chayfa lalman (elle a visité la France et même l'Allemagne). Son percing sur le nez fait rappeler Nedjma, mais son style est totalement différent. Le jeune Titou qui lui succède revendique la paternité de 100% nebghik et, selon lui, cette chanson lui a tout simplement été volée. Il a interprété en outre le très menaçant Werrah fer'oun lli gal ana ? Cheb Titou est particulièrement chanceux pour avoir eu l'occasion de se produire au Zénith avec d'autres noms connus du monde du raï. Cette quatrième soirée caractérisée par un léger essoufflement, en attendant le week-end, a été sauvée par la remarquable prestation de Amrou. Avec Mesrara, une de ses chansons favorites, il va effectuer un tour de tous les quartiers d'Oran, presque sans exception en passant par Sidi El Houari et El Barqi via Maraval jusqu'à Es Seddikia. « C'est pour faire plaisir au public, mais c'est aussi parce que c'est une de mes propres compositions », confie l'auteur de plusieurs des derniers tubes du raï.