Durant la guerre de Libération nationale, la machine de propagande coloniale relayée par sa presse locale a tenté de faire passer au sein de l'opinion la thèse complot du communisme international dans lequel seraient impliqués des Algériens d'origine européenne et faire accréditer ainsi la thèse, en pleine « guerre froide », d'affrontement Est-Ouest, que seuls des communistes d'origine européenne pouvaient avoir « l'affront » de prendre les armes contre la France en Algérie dans les années 1955-1956. La suite des événements prouva le contraire, puisque des hommes de foi, des humanistes d'origine européenne se sont engagés aux côtés du FLN dans le combat libérateur et que les ultras des milieux de la colonisation se sont empressés de présenter comme des « traîtres » à la France. En octobre 1956, l'arrestation de militants communistes d'origine européenne et le démantèlement d'un réseau de fabrication de bombes fut l'occasion pour la presse coloniale de clouer au pilori trois d'entre eux dont Daniel Timsit, médecin à l'hôpital Mustapha d'Alger, Georgio Arbib, ingénieur, et Georges Smadja, étudiant en médecine, leur appartenance communiste fut soulignée par la presse coloniale qui n'a pas manqué de rappeler leurs accointances avec le Front de libération nationale. Tous les journaux de l'époque ouvraient leur édition datée du mardi 16 octobre 1956 de la même manière mettant en relief la thèse du complot communiste, remontant jusqu'à l'accord conclu entre le PCA et le FLN en juillet 1956, la désertion de « l'aspirant félon » Henri Maillot, etc. Rappelons que le FLN était au déclenchement de la lutte armée sérieusement préoccupé par la mise en place de structures capables de fournir des explosifs et autres bombes dont avait besoin l'Armée de libération nationale, c'est à quoi s'est attelé Abane Ramdane. Il fit alors appel aux premiers communistes qui avaient rallié le FLN et qui constitueront en quelque sorte les premiers chimistes parmi lesquels figurait Georgio Arbib. Quant au docteur Daniel Timsit, il n'était pas inconnu des services de police coloniale puisqu'il était recherché depuis le 6 mai de la même année à la suite de l'explosion d'une bombe dans un placard du pavillon Pasteur à l'hôpital Mustapha. Bombe au fulminate de mercure qu'il avait lui-même fabriqué dans une villa appartenant à un de ses parents à Bouzaréah sur les hauteurs d'Alger. Tout le groupe ainsi constitué fut en quelque sorte convoyé et installé par Ali Hadj Ali qui était à l'époque étudiant à l'Ecole supérieure de commerce d'Alger et ancien des Scouts musulmans d'Algérie (SMA) et du PPA qui avait été chargé par Abane de trouver un endroit discret pour la mise en place de ce laboratoire clandestin. Ali Hadj Ali prit alors attache avec une de ses connaissances Abdelaziz Bensadok comme lui ancien des SMA, afin qu'il mette à la disposition de l'organisation la ferme familiale qu'il occupait avec sa mère à Birkhadem plus exactement dans le quartier de Sidi Embarek. Le lieu assez isolé se prêtait à l'installation d'un laboratoire de fabrication d'engins explosifs destinés au FLN et à l'ALN. Malheureusement, au moment où le laboratoire allait devenir opérationnel, les services de la police coloniale ont eu vent de son existence et procédé à son démantèlement. La presse coloniale de l'époque en relatant les faits écrits en première page avaient pris le soin de souligner que ce fut après l'arrestation de Mokhtar Bouchafa que le réseau de fabrication de bombes a été découvert. La Dépêche quotidienne d'Algérie écrivait dans son édition du 16 octobre 1956 : « Installée (la fabrique de bombe ndlr) par les communistes, elle était dirigée par 3 Européens. » « Tous recevaient leurs ordres d'un certain Hocine et du docteur Hadjerès conseiller, communiste de Maison Carrée. » L'article en question s'efforçait de souligner la participation de communistes à « l'œuvre de mort entreprise par le FLN », ce qui signifiait la « participation effective de Français dans des attentats perpétrés de sang-froid contre des Français ». La propagande coloniale ne manquera pas de recourir à de tels arguments devant une opinion publique d'origine européenne fortement travaillée par la presse à son service, lorsqu'il fallut juger de manière expéditive et exécuter ces « traîtres » comme ce fut le cas pour Fernand Yveton, condamné à mort et guillotiné en 1956 pour avoir déposé une bombe qui n'explosa pas à la centrale électrique du Ruisseau à Alger, aujourd'hui baptisé quartier du Hamma.