L'activité de la casse automobile prend des proportions alarmantes ces dernières années dans la wilaya de Tizi Ouzou. A la faveur des profondes mutations que connaît le marché automobile entraînant dans son sillage une forte demande en matière de pièces de rechange, la zone de Tajouimaât, à 4 km au sud de la ville de Draâ Ben Khedda sur la RN25, est devenue un eldorado des spécialistes du désossement de véhicules. Appelée communément « la casse », cette zone qui s'étend sur une dizaine de kilomètres où active plus d'une centaine de mécaniciens sur des terrains vagues, sorte de garage à ciel ouvert, accueille quotidiennement des centaines de visiteurs venant des wilayas lointaines à la recherche de la pièce de rechange qui est introuvable dans leurs régions respectives. Les mécaniciens opérant dans cette zone procèdent ainsi à l'acquisition des véhicules réformés, généralement les véhicules accidentés, pour les démonter et les revendre en pièces détachées. Il demeure qu'une véritable anarchie s'est installée dans cette zone. D'une part, le manque d'organisation. Certains opérateurs avouent que parmi toute cette armada il n'y a qu'une minorité qui est en situation légale (avec registre de commerce et soumis au régime fiscal). La grande majorité travaille clandestinement, donc échappe à tout contrôle. D'autre part, c'est le danger que cette activité, en pleine expansion, présente sur les terres agricoles qui sont parmi les rares que possède la wilaya de Tizi Ouzou. « Des centaines d'hectares sont cédés en location par les propriétaires terriens de la région aux garagistes à des prix faramineux », nous confie Hamid, revendeur de pièces de rechange. Ajouter à cela, les embouteillages provoqués à longueur de journée sur la RN 25 en raison de la grande affluence des automobilistes et beaucoup d'accidents ont été évités de justesse sur ce tronçon. Interrogés sur l'état de leur commerce, les propriétaires des garages regrettent les multiples pressions qu'ils subissent fréquemment. Ces derniers reconnaissent que leur activité est mal appréciée par les agriculteurs et les habitants de la région. « Les habitants nous reprochent le climat d'insécurité qui y règne ces derniers temps, estimant que c'est notre présence qui attire les bandes de malfaiteurs dans la région », nous dit un mécanicien de la place. Du côté des automobilistes, c'est les prix pratiqués à la vente qui sont déplorés. « Il y a de la pièce pour toutes les marques de véhicules, certes, mais elle demeure inaccessible eu égard à sa cherté », explique ce quadragénaire sétifien. « J'ai fait tout ce trajet à la recherche d'une portière pour une Citroën Xsara. Je l'ai trouvée ici mais j'ai été stupéfait lorsqu'il me déclara qu'elle coûte la bagatelle de sept millions de centimes ». Pour « les gens de la casse », cette hausse des prix est légitime du fait que les véhicules sont achetés à des prix élevés, surtout les nouveaux modèles. Sur un plan, c'est la question de la falsification de documents pour les véhicules volés qui se pose. Mais, avec énergie, les garagistes se défendent : « On sait qu'il y a trop de bruit sur ce point mais rien n'est vrai. Le trafic ne peut pas se pratiquer ici en raison de l'indiscrétion des lieux. Ceux qui veulent verser dans ce créneau, ils le font ailleurs ». Dans l'ensemble, si l'activité contribue à la régulation du marché de la pièce de rechange, il demeure urgent pour les autorités concernées d'y mettre de l'ordre.