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« Il faut venir en hiver ! »
Belle et pauvre, Beni Haoua regarde le temps passer
Publié dans El Watan le 26 - 07 - 2005

Trente kilomètres de côte aux paysages féeriques et une situation économique qui frise l'état du début du siècle dernier : routes mal entretenues, poussière soulevée à la moindre brise, zone agricole aux moyens peu fournis, tourisme pratiquement inconnu, et donc des potentialités non exploitées par ceux qui gèrent la commune et la daïra.
Elus et administrateurs semblent s'être donné le mot pour laisser la région vivre en léthargie, loin de tout mouvement économique, ou c'est la situation sécuritaire qui avait freiné tout plan. Forêt vierge, plusieurs promontoires donnant sur la mer aux larges rivages où quelques parasols et un drapeau indiquent l'endroit d'une plage surveillée, mais aucun signe d'une exploitation économique du site. Pour Aïssa Halimouche, vice-président de l'exécutif communal : « Sans le barrage à ériger, les deux mamelles de la commune, que sont l'agriculture et le tourisme, ne pourront évoluer, et l'apport insignifiant du petit port de plaisance à ajouter aux recettes fiscales tirées du secteur tertiaire et côtoyant le zéro contribution font de la région une zone pauvre. » Le pont a une seule voie enjambant sur une centaine de mètres côté est, l'Oued Ouatar annonce l'entrée dans la commune de Beni Haoua sur la RN 11, extrême limite nord-est de la wilaya de Chlef. La mi-juillet devrait être synonyme d'une intense activité liée à la saison estivale, mais ni les boutiques ni les estaminets, ou les trottoirs nouvellement établis - c'est une mode algérienne - ne caractérisent cette période de grandes chaleurs. Pourtant, le centre du village est un passage obligé pour ceux qui se dirigent sur Ténès, distante de 43 km, ou Cherchell, éloignée de 65 km seulement et une voie d'évitement n'est point au programme. Un chemin qui monte, donne cette impression, mais se trouve sans issue, débouchant sur la cité Hacène, un gâchis sur le plan d'aménagement du territoire avec des poteaux électriques et des fils de moyenne tension passant au milieu de la chaussée, au-dessus des cours de maisons sommairement bâties : « La commune a dû faire face à un exode massif et soudain de familles habitant les hauteurs et qui avaient fui le terrorisme dans les années 1996 et 1997 surtout », précisera M. Benguergoura, chef de la daïra depuis moins d'une année et qui recevait nombre d'habitants pour de multiples problèmes personnels, dont le plus grave serait l'aide à la construction. « Les gens sollicitent une aide pour le démarrage des travaux de construction du logement rural, alors qu'ils ont bénéficié de l'apport de l'Etat et doivent montrer leurs dispositions en entamant les préliminaires. » L'instruction interministérielle n°6 du 31 juillet 2002 relative aux aides à apporter dans le cadre du logement rural doit ou devrait contenir un alinéa tenant compte de l'impossibilité réelle de pouvoir entamer les travaux, « la convention du 26 février 2002 établie entre la BADR et le ministère de l'Agriculture comporterait cette possibilité », affirme un responsable de l'administration des forêts, pendant qu'un élu FLN de la commune de Bereira sise au sud de Beni Haoua, à 18 km, suggère l'éventualité de la création d'un fonds de wilaya, permettant justement le démarrage des travaux qui débloqueraient alors la subvention de l'Etat. « Les couches sociales défavorisées doivent être visitées pour mesurer l'ampleur de leur dénuement », conclura-t-il. La commune exploitait la figue, principal fruit de la région et cultivé sur des centaines d'hectares du temps de la colonisation. « Bortolotti, un Italien d'origine, employait plus de cent personnes en dehors des saisonniers à la cueillette et à la production de conserves exportées à l'étranger. Soalco, Sogedia puis Enajuc viendront remplacer l'entreprise coloniale avant la création d'une coopérative d'ouvriers à laquelle des promesses de financement ne seront pas tenues et les murs de l'usine vont abriter sans doute une sûreté urbaine sous peu », dira avec un air de reproche un ancien travailleur. Le port de pêche dans une région peu poissonneuse renferme une quarantaine de barques réservées surtout à la plaisance. « Il faudrait des petits chalutiers capables de pêcher l'espadon au large, mais l'Etat ne semble pas disposé à finaliser le financement pour ceux qui ont déjà avancé leurs parts, certains depuis plus de trois années », précisera un spécialiste des choses de la mer, qui affirme encore : « Ce port est un abri de pêche non opérationnel, parce que mal protégé des vents du Nord. »
Une région délaissée
Cela sera confirmé par une autre personne qui confiera que « la réception de l'œuvre a été faite au mois de juillet afin de ne point remarquer les tares ». Grave accusation démontrant une insouciance coupable, surtout lorsque cela a été offert au titre de l'aide de l'Etat de barques destinées à la pêche et entrant dans le cadre de l'encouragement à l'emploi. Beaucoup de ces embarcations servent à sillonner les eaux de la commune pour le plaisir, puisque même l'investissement touristique fait défaut. « Le ministre du Tourisme est resté moins d'une demi-heure à la mi-juillet, et à des endroits ne nécessitant pas sa présence », dira un chômeur qui préfère l'appellation « ministre de la poussière » au vu des dizaines de véhicules passés à toute allure au niveau de la route principale et soulevant un nuage de poussière en guise de respect aux habitants. Pour les responsables de la commune, « le ministre s'est arrêté au niveau du port et à la plage de Tighza, et a évoqué la nécessité de l'investissement privé dans le secteur du tourisme, mais on n'a pas parlé des modalités pratiques ». Le chef de daïra parlera de la visite des zones d'expansion touristique (ZET) de Tighza et de Beni Haoua ainsi que du camp de toile de Sonatrach à Bouchghal. Aucun hôtel, une auberge prochainement réceptionnée, une seule initiative privée sous forme de camp de toile devenu bungalows, et des constructions étatiques servant comme lieu d'hébergement pour des familles fuyant le terrorisme et qu'on ne peut aujourd'hui déloger. Voilà pour le tourisme dans une région qui rivalise avec la corniche jijelienne pour ses endroits paradisiaques. Dénommé Francis Garnier du temps de la colonisation en 1911, et voulu Beni Haoua à l'indépendance, le village a été élu parmi les plus beaux du pays pour la protection de l'environnement et la propreté et laissé à l'abandon au point d'enregistrer un seul centre de soins où la moindre injection revient à plus de 1000 DA pour celui qui viendrait en taxi clandestin - il n'existe pas de station taxi ou une quelconque licence d'exploitation - et le patient voulant extraire une dent devra ramener son flacon d'anesthésie ! Pas de ligne téléphonique pour les trois médecins de service et il n'est pas question pour une femme de vouloir - ou se voir - accoucher en hiver ou en pleine nuit. Mohamed Benghennou, ancien responsable au niveau du parti unique et membre de l'ONEC, des enfants de chouhada, raconte que son enfant, âgé aujourd'hui de 25 ans, est né dans la 4RL qui emmenait la mère à Damous et c'est toujours ainsi, même en 2005 : « Rien n'a changé ! » Le cœur gros, il affirmera que « personne n'est à sa place » et qu'« il faudrait relier Beni Haoua à Marseille pour bénéficier de plus d'attention ». A certains endroits de la RN, la voie ne dépasse pas les quatre mètres de large, et il faut céder le passage, alors que la localité de Damous, sise à 15 km à l'est et traçant la limite avec la wilaya de Tipaza, a bénéficié d'un large programme d'aménagement de la route ; la différence avec Beni Haoua se fait à l'œil nu dès le virage annonçant la frontière. « 80% des malades de Beni Haoua vont à Damous où ils sont mieux traités », affirmera M. Benghennou. La mère Binette, naufragée du Banel avec six de ses compagnes en 1802, ne semble plus protéger ses enfants du haut de sa tombe se trouvant à l'intérieur d'un bâtiment dans le cimetière musulman, bâtiment construit en 1936, démoli en 1954 par le séisme et reconstruit en 1958, selon l'information incrustée sur la tombe même. Devant le siège de l'APC, des jeunes, ayant dépassé la trentaine, attendent d'être reçus par les élus : ils voulaient savoir où en était le programme du logement social participatif (LSP) en retard dans le début de travaux, de plus de deux mois, pour une affaire de deux indus occupants se trouvant sur le terrain d'assiette. M. Halimouche annoncera que le problème sera bientôt résolu. Disposant d'une superficie de 102 km2, les espaces réservés à la construction de logements restent limités de par l'existence de forêts de pins d'Alep et de chêne-liège couvrant 12 000 ha et représentant 35% de couverture végétale pour la région, autre source d'exploitation sur le plan du tourisme et de l'économie. Mais que faire avec un budget de fonctionnement de moins de deux milliards de centimes ? 60 employés de la commune, 8 écoles primaires, et un taux de réussite à l'examen d'entrée en 1re AM ne dépassant pas les 51%. Un collège à l'effectif dépassant les capacités d'accueil, et comprenant l'internat pour des centaines de potaches et où 145 candidats sur les 270 se présentant au BEF ont pu décrocher le passage, auxquels on ajoute 13 autres avec la moyenne annuelle. Voilà un autre aspect de la réalité quotidienne d'une commune aux véritables potentialités, mais manquant cruellement d'attention des pouvoirs publics. « La priorité des PCD va à l'AEP et au désenclavement des zones rurales. L'habitat précaire est pratiquement révolu avec le total de plus de 1000 aides à l'habitat qui ont été délivrées en moins de deux années, comme nous avons réussi à établir des pistes pour désenclaver des endroits se trouvant coupés en hiver », dira le chef de daïra. Avec ce chiffre de 1000 aides impliquant le versement de 50 milliards de centimes, c'est plus de 5000 citoyens, ou une moyenne de 500 foyers vivant dans des conditions acceptables. « La daïra de Beni Haoua est la plus boisée, la plus forestière des 13 daïras formant la wilaya de Chlef », dira le chef de district des forêts de Beni Haoua, qui poursuit : « 64 ménages en 2003, et 228 en 2004 ont bénéficié de l'aide pour le développement rural ; 3 milliards de dinars est le montant nécessaire pour l'amélioration des conditions de vie en milieu rural, dont le tiers représente la part du citoyen pour tous les projets de proximité participant au développement rural. Nous y travaillons avec la consolidation des pistes dévolue aux forêts depuis peu ; des commissions vont passer dans cinq localités avant l'approbation par les différentes hiérarchies et un mieux se ressentira. Par ailleurs, l'Etat pourra attendre des résultats et pourra demander des comptes pour l'argent investi à partir de 2010. » DÉSENCLAVER LES ZONES RURALES Il n'est point question de culture dans cet espace sauvage qu'il faudrait sans doute préserver de l'invasion d'investisseurs sans foi. Pas de bibliothèque communale, pas de salle de projection, un jardin public à l'abandon, pis, au centre du village un panneau délabré trône toujours avec l'indication du sens à prendre pour joindre la kasma du temps du parti unique. Cette signalisation nargue toujours les passants, alors que le port n'est pas annoncé. C'est donner le dos au modernisme confirmé par l'inexistence d'un cybercafé, et les deux seules kiosques à journaux proposent des quotidiens à 15 DA, expliquant le surcoût par la prise en charge individuelle de l'acheminement des nouvelles. « Nous nous trouvons à égale distance, 43 km, de deux localités limites de distribution, Ténès et Gouraya, et l'augmentation du prix est le seul moyen de s'en sortir », dira l'un d'eux. Reste la télévision, moyen d'évasion pour les ménages isolés. « Il faut venir en hiver pour voir que nous sommes coupés du monde ! Heureusement que le petit écran et la parabole nous permettent de savoir ce qui se passe dans le monde », dira un lettré quinquagénaire, appréhendant son entrée dans le cercle des retraités. Une frange de la population qui s'ennuie à mourir, et éprouve des difficultés dans sa gestion de la paperasse inévitable pour la pension, les médicaments et surtout l'absence d'égards. « Le village ne revient à la vie que durant trois mois, de juin à août. Heureusement que la population se caractérise par la sagesse. » Parler au mois de juillet de pauvreté et d'immobilisme pour une destination à la résonance promettant le rêve, c'est confirmer l'absence d'exploitation d'une ressource nationale créatrice d'emploi. Le rush peut être attendu à partir de 2010, lorsque beaucoup de familles visiteront les lieux et que les demandes de séjour et de réservations de maisons, de chambres et de tentes seront plus nombreuses, cela fera le plus grand bien à cette localité chatoyante. Il est question d'un boulevard front de mer de près de trois kilomètres : une véritable bouffée d'oxygène pour celles et ceux qui ont réellement besoin de voir la région coller au monde moderne.


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