La politique du programme d'immigration du Québec a récemment fait l'objet de certaines rumeurs, en raison notamment de la promulgation de la loi 53 par le gouvernement du Québec en juin dernier. Ces rumeurs ont été alimentées par des perceptions parfois correctes, parfois erronées, que l'auteur de cet article s'efforcera de rectifier par le biais de données factuelles. L'immigration au Canada Depuis les dernières années, le gouvernement canadien accueille environ 225 000 nouveaux immigrants sur une base annuelle. La province de Québec en accueille environ 40 000 en vertu principalement d'un accord avec le gouvernement canadien par lequel la province exerce seule ses pouvoirs de sélection sur les ressortissants qui souhaitent s' installer sur son territoire. Depuis le 11 septembre 2001, certains candidats à l'immigration avaient peur que le Canada ferme ses portes à des classes de candidats en raison de leur religion ou de leur provenance géographique. C'était mal connaître la culture canadienne, dont les droits individuels sont enchâssés dans la Charte des droits et libertés, excluant spécifiquement ces exclusions. Trois ans plus tard, cette crainte s'est, bien entendu, avérée non fondée. Au cours du dernier trimestre 2001, il n'y a pas eu une baisse identifiable dans la délivrance des visas d'immigration et jusqu'à aujourd'hui, les objectifs demeurent les mêmes. La gestion de l'immigration par objectifs Le Québec, par l'introduction de son projet de loi 53, a fait figure d'avant-gardisme dans la gestion de son programme d'immigration. En effet, il est reconnu par consensus que le Québec est enrichi depuis sa fondation par ses nouveaux arrivants qui proviennent d'une diversité de bassins culturels. Pour en arriver à cette fin, le gouvernement du Québec a divisé le monde en plusieurs « bassins géographiques » afin de continuer à atteindre ses objectifs de diversité. En effet, il est reconnu socialement et démographiquement qu'une immigration concentrée en provenance d'une seule région dans un court laps de temps crée des concentrations de nouveaux arrivants qui ont peine à s'intégrer et à s'adapter dans leur nouvel environnement. Cet impact peut facilement se poursuivre sur plusieurs générations, pénalisant ainsi les chances d'intégration de communautés entières. Ainsi, cette « immigration par bassins géographiques », qui permet d'atteindre nos objectifs de diversité culturelle et qui se reflète dans la loi 53, n'est pas un concept nouveau. Les fonctionnaires du gouvernement du Québec et du Canada l'appliquent depuis plusieurs années. Plus de transparence La loi 53 prévoit ainsi plus de transparence en retirant la fixation de ces objectifs des mains des fonctionnaires et en les plaçant entre les mains de la ministre qui, elle, répond de ses décisions devant la population. La problématique réside du fait que le programme d'immigration québécois est tellement populaire, qu'au cours des dernières années le Québec a reçu un nombre croissant de demandes d'immigration en provenance des trois pays du Maghreb (Algérie, Tunisie et Maroc). Toutefois, les objectifs sont toujours demeurés inchangés, 20% de l'immigration doit provenir du Maghreb (donc environ 8000 personnes par année). Sans la loi 53, les fonctionnaires étaient ainsi réduits à ralentir leur travail afin de ne pas dépasser cet objectif. Pour résultat, un accroissement incontrôlable des délais de traitement. Ce que la loi 53 permet, c'est de donner de meilleurs outils au gouvernement afin de lui permettre de mieux gérer la réception des demandes d'immigration, tout en respectant les objectifs publics. L'avenir des Maghrébins au Canada Dans le cadre des discussions que j'ai eu le plaisir d'entretenir avec la ministre de l'Immigration du Québec, Mme Michelle Courchesne, il n'existe actuellement aucune volonté de réduire l'objectif annuel de candidats en provenance du Maghreb. Au surplus, les demandes d'immigration ont légèrement fléchi depuis la dernière année, ce qui fait en sorte qu'on n'envisage pas la suspension de la réception des demandes. Au cours des six premiers mois de 2004, seulement 3000 demandes ont été reçues, c'est donc dire que l'objectif ne serait pas en voie d'être atteint pour l'année en cours. La ministre a déclaré publiquement que les Maghrébins sont les bienvenus au Québec et qu'ils contribuent à l'enrichissement de notre vie culturelle et économique. L'immigration au Canada alimente plusieurs rumeurs, qui peuvent varier sur une base quotidienne. Il est toujours important d'aller aux sources afin de décoder ces rumeurs, qui nous permettent de confirmer que le Québec continue à faire figure de chef de file en matière d'équité et de droits humains dans l'accueil de ses nouveaux arrivants.