Le gouvernement a promulgué un décret exécutif fixant « les conditions et modalités d'ouverture et d'exploitation des établissements de divertissement et de spectacle ». Daté du 4 juin 2005, le décret 05-207 impose aux gérants de cybercafés, classifiés « établissements de divertissement », une nouvelle procédure d'autorisation et de nouveaux horaires d'ouverture. A souligner la qualification de « lieu de divertissement » collée aux cybercafés où les besoins des clients vont du banal « passage de temps » au contact avec les proches ou les connaissances, la recherche d'informations diverses, qu'elles soient scientifiques, culturelles, commerciales, etc. Passons. Le nouveau règlement, précise le texte publié dans le n°39 du Journal officiel daté du 5 juin 2005, a été décrété par Ahmed Ouyahia « sur le rapport du ministre de l'Intérieur », Yazid Zerhouni, et touche la gestion des établissements de divertissement que sont les salles de jeux, les vidéothèques, les médiathèques, les aquaparcs en plus des cybercafés ainsi que les établissements dits de spectacle cités dans le décret que sont les salles de cinéma, les théâtres, les cirques, les cabarets, les boîtes de nuit ou les night-clubs, les dancings ou les discothèques et les salles des fêtes. Les horaires, appliqués selon le décret aux « établissements de divertissement » s'étalent de 8 h à minuit. Les 5000 cybercafés d'Algérie, chiffres officiels, seront donc tenus de couper la connexion et fermer leurs portes à minuit précis. L'infraction à la règle horaire entraîne, selon le décret, une suspension de l'autorisation d'exploitation pour une durée n'excédant pas six mois et une suppression de l'autorisation en cas de récidive. « Je ne vois pas en quoi cela gêne que les cybercafés ouvrent après minuit », avait déclaré le directeur général de la sûreté nationale, Ali Tounsi, interrogé sur le décret Ouyahia lors d'une conférence de presse début juillet 2005. Le DGSN avait même poussé jusqu'à proposer aux internautes de s'organiser en association « pour se défendre ». L'Algérie qui reste relativement en position respectable dans le palmarès des pays étouffant les libertés inhérentes à Internet risque-t-elle de se classer parmi les pires cyberdictatures ?