La direction du commerce a effectué 148 contrôles dans ces établissements publics. Après une période d'une année de grâce, 42 mises en demeure ont été destinées à leurs gérants aux fins de se conformer aux dispositions du décret exécutif n°05-207 du 4 juin 2005, fixant les conditions et les modalités d'ouverture, d'exploitation des établissements de divertissements et de spectacles et 56 ont justifié d'un récépissé délivré par les services de la daïra. Les agents de la direction des prix et de la concurrence (DCP) ont constaté que 24 « cybers » ont été fermés sans que les inspecteurs n'en connaissent les raisons. A ce propos, M. Lamari, directeur de la DCP, soutient que son administration n'est pas la seule à pouvoir proposer la fermeture des établissements. La direction de la réglementation et les services de sécurité peuvent prendre cette décision s'ils constatent des infractions vis-à-vis de la loi. 16 propositions de fermeture ont été ainsi prononcées par la DCP. Considérés comme des établissements de divertissement, ces cybercafés sont, selon l'alinéa 4 de l'article 2 du décret, des espaces publics mettant à la disposition des usagers des moyens de communication permettant d'accéder à l'Internet et d'entrer en relation avec des tiers pour des raisons professionnelles et/ou personnelles. Des boissons non alcoolisées peuvent y être servies. Pour se conformer à la réglementation, une période de grâce d'une année leur a été accordée à partir de la promulgation intervenue en juin 2004. Cependant, un « malaise » a accaparé les gérants. Contrairement aux responsables des salles de spectacles, ceux des cybercafés sont montés aux créneaux quelques jours seulement après la promulgation de la loi. La raison en est l'obligation de fermer après minuit, contenue dans l'article 23 du décret, lequel sera abrogé à la faveur du décret n°05-268 signé le 25 juillet 2005. Remarquant qu'ils ne disposent pas d'un interlocuteur pouvant défendre leurs droits, des gérants se sont constitués en association nationale.S'appuyant sur le cadre juridique tout en s'inspirant de la définition selon laquelle le cybercafé (communication Access For Everybody) est un lieu de communication pour tous, ils assurent que les Algériens, qui se sont lancés dans cette activité (le premier cyber a été ouvert le 1er septembre 1994 en Europe), sont loin du compte. Des visées « inavouées », soutiennent-ils, se cachent derrière la promulgation de ce décret. L'une de leur réunion, rendue publique, avait porté sur l'état des cybercafés en Algérie (plus de 50 000 créés dans le cadre de l'Ansej) et les problèmes qu'ils rencontrent. Pour cette association, qui ne se manifeste guère sur l'espace public, la classification préconisée par le décret qui assure que le « cybercafé est un lieu de divertissement » est considérée comme « injurieuse ». Des implications peuvent en découler comme l'assimilation de l'activité de gérant de cybercafé à celle d'une « boîte de nuit » avec pour conséquences « l'interdiction d'accès au moins de 18 ans » ainsi que « l'obligation de fouille des internautes ». Les gérants appréhendent les investissements lourds du fait que les cybercafés doivent être dotés, selon le décret, de système anti-incendie et d'issues de secours. Comme tous ceux qui tombent sous le coup de cette loi, ces gérants sont soumis à fournir un certificat de conformité et le permis de construire. En plus de la taxe « onéreuse » imposée et de la bureaucratie, ils évoquent la « mauvaise qualité » de la connexion ainsi que le « prix élevé » de l'ADSL PRO destiné à l'usage commercial, contrairement à l'ADSL proposé pour un usage domestique. Les factures téléphoniques, se plaignent-ils, ne correspondent pas à leur activité. Le problème des indemnisations en cas de coupure se pose également.