Messieurs, Alger est la capitale de l'Algérie ! » C'est en ces termes, à l'apparence évidents, que le wali d'Alger, Mohamed Kebir Addou, a vivement interpellé, hier, les présidents d'APC et les walis délégués de la capitale ainsi que les responsables des différentes directions sur l'état de laisser-aller dont souffre la ville dans plusieurs secteurs. « Des projets indignes de n'importe quelle ville du pays sont réalisés dans la capitale ! Alger est gérée comme n'importe quel douar ou village ! », a relevé le wali, une année après son installation à la tête de la wilaya. « Les objectifs tracés ne sont pas tous atteints », a-t-il ajouté tout en saluant les responsables locaux pour leurs efforts. Mohamed Kebir Addou a profité de la cérémonie d'installation officielle des nouveaux walis délégués pour passer en revue la situation de salubrité de la ville, le commerce informel et le programme « chargé » de mise à niveau de la capitale dans plusieurs aspects. M. Addou a annoncé que la capitale bénéficiera d'un montant de 9500 milliards de centimes dans le cadre du programme quinquennal ( 2005-2009) dont le montant global dépasse les 50 milliards de dollars. Selon le wali, 50% de cette enveloppe budgétaire iront aux secteurs de l'éducation et de l'enseignement supérieur. Il s'agit de créer 72 000 places pédagogiques et 50 000 lits. 14% de ce budget sont destinés à l'aménagement urbain tandis que 13% du même montant seront investis dans l'aménagement des routes. Il est prévu également la construction de 32 collèges d'enseignement moyen et de 17 lycées. La capitale, selon l'orateur, sera dotée de deux stades d'une capacité de 40 000 places chacun, dont l'étude est en cours de finalisation. Par ailleurs, une nouveau pôle universitaire sera construit en plus de ceux de Bouzaréah et de Bab Ezzouar qui nécessitent, de l'avis du wali, des réaménagements. Le tramway sera lancé l'année prochaine et la zone du Mercure sera une zone d'affaires. La concrétisation de ce programme demande, selon le premier responsable de la ville d'Alger, la mise en place d'une « organisation particulière », et ce, à tous les niveaux de responsabilité. Dans ce sens, l'ex-wali de Djelfa a précisé qu'une commission de choix de terrains devant accueillir les différents projets pourra entamer son travail dans un délai de 10 jours. « Les meilleurs terrains de la capitale doivent être choisis pour la concrétisation de ce programme. Il n'est pas question de construire des logements ou des lycées dans des ravins comme j'ai eu à le constater personnellement », n'a cessé de répéter M. Addou, visiblement excédé par la prolifération des constructions anarchiques. Devant un parterre de responsables locaux, le wali a exigé que tous les projets futurs doivent s'inscrire dans un plan d'aménagement global. Selon l'orateur, les enveloppes budgétaires ne sont pas susceptibles de réévaluation. « Toute réévaluation sera désormais examinée et approuvée en Conseil des ministres », a annoncé le wali avec un air d'avertissement. Au chapitre hygiène, le wali d'Alger s'est montré très critique envers la situation déplorable dont souffre la première ville du pays. « L'hygiène, c'est mon programme et ma priorité. Nous sommes très loin des résultats escomptés. Messieurs les walis délégués, c'est votre responsabilité de lutter contre l'insalubrité. Il faut que l'hygiène soit notre credo à tous », a-t-il assigné. M. Addou a précisé que les établissements chargés de l'hygiène de la capitale seront dotés en moyens. Le wali est revenu sur le commerce informel qui continue de gangrener les rues de la capitale et d'asphyxier le commerce légal. « Le commerce informel ne doit plus exister. Il n'est pas question qu'un marché éradiqué puisse se reconstituer de nouveau comme c'est le cas à Bab El Oued et à Bab Ezzouar », a-t-il exigé tout en recommandant la vigilance aux élus locaux et aux services de sécurité qui doivent travailler de concert. En plus de la réalisation de plusieurs marchés communaux, « le programme de 100 locaux commerciaux par commune doit être concrétisé en urgence d'autant plus que leur argent existe », a-t-il déclaré à l'adresse des présidents d'APC. Par ailleurs, l'orateur a annoncé qu'un comité de pilotage, constitué d'architectes, d'économistes..., travaillera sur le projet d'aménagement de la baie d'Alger, « un patrimoine historique, qui doit rester historique tout en entrant dans la modernité ». Au sujet du jardin d'Essais du Hamma, M. Addou a affirmé que cette « merveille » est devenue une propriété de la wilaya. Une sûreté urbaine est déjà opérationnelle à l'intérieur de ce jardin qui sera doté d'un établissement de gestion. Cette question sera débattue, ajoute le wali, lors de la prochaine session de l'APW. A la fin de son intervention, Mohamed Kebir Addou a exhorté les présidents des APC, les walis délégués et les responsables des différentes directions à assurer les « conditions optimums » pour la prochaine rentrée scolaire, à redynamiser les comités de la ville (Coville), « dans les meilleurs délais » et à une « fermeté absolue » à l'encontre des constructions illicites. Il a demandé enfin la concrétisation du programme « quelque peu marginalisé » des logements destinés aux sinistrés de la capitale.